Le chef de l'Etat, dans une allocution lue en son nom par Abdelaziz Belkhadem, a usé de mots particulièrement durs envers les terroristes irréductibles et les commanditaires d'attentats qu'il a traités de “mercenaires”. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a saisi l'occasion de la commémoration du double anniversaire du 20 Août 1955 et 1956, date sacrée Journée nationale du moudjahid, au Cercle militaire de Béni-Messous, pour faire un discours surprenant, lu en son nom par son représentant personnel au gouvernement, le ministre d'Etat Abdelaziz Belkhadem. Bien qu'il ne renie nullement ses convictions sur le bien-fondé de la réconciliation nationale pour la restauration de la sécurité dans le pays, il a dit ne maintenir les dispositions de la Charte pour la réconciliation nationale et la paix que pour “ceux qui se sont égarés pour s'être trompés de repères religieux ou pour avoir été trompés”, et surtout qui acceptent de déposer leurs armes et se repentir de leurs actes. À partir de là, il s'est montré particulièrement virulent à l'encontre des irréductibles des groupes armés. Rarement, voire jamais, le chef de l'Etat n'a infligé aux terroristes une condamnation aussi dure en les traitant de “mercenaires qui professent le crime organisé et la destruction de la société algérienne pour des raisons aussi abjectes que douteuses”. Il a assuré que l'Etat utilisera toutes ses forces et ses ressources pour combattre “avec la rigueur qui s'impose ceux qui ont dévié du chemin tracé par la nation, ceux-là mêmes qui refusent la main tendue en déniant à la nation le droit de vivre dans la sécurité et la quiétude et en empruntant les voies de la désobéissance et du crime. Ces voies les mèneront assurément à leur perte”. Minimisant, néanmoins, la nuisance des groupes terroristes encore en activité, le premier magistrat du pays a affirmé que “les actes terroristes sanglants et isolés confirment, si besoin est, que le terrorisme est en déclin devant les frappes de l'Armée nationale populaire, des services de sécurité, mais surtout devant le rejet d'une nation tout entière, à sa tête prédicateurs, faqih et hommes de religion, de ces actes abjects”. Il a soutenu que “le terrorisme aveugle qui tue au nom de l'Islam, s'appuyant sur takfir (déclarer les Algériens mécréants, ndlr) comme stratégie, la destruction comme moyen et la propagande et les tueries comme hobby sont sans morale et sans humanisme”. À ce titre, il a condamné les derniers attentats qui ont ciblé des convois de militaires, ôtant la vie à nombre d'entre eux. Il a rendu hommage à ces victimes, ainsi qu'à leurs collègues et autres éléments des corps constitués “qui font face à cette horde de renégats”. Il a certifié que l'Algérie, “direction et peuple, place toute sa confiance en ses institutions et dans les compétences et abnégation de ses femmes et de ses hommes dans le strict respect des lois du pays et des grandes valeurs du peuple”. Le président de la République a fustigé, avec autant de violence, “ceux qui dilapident les deniers publics, trahissent la confiance, entraînent les mineurs dans les voies de la subversion ou encore trompent les jeunes par l'illusion de l'eldorado d'outre-mer en les piégeant dans les embarcations de la mort, sont sans scrupule ni conscience”. Il aura fait allusion, par-là, au phénomène des harragas, en incriminant essentiellement les passeurs. Le président Bouteflika s'est attardé sur l'actualité économique en soutenant que les mesures prises, dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour 2009, visent à protéger l'économie nationale. “Il est du devoir de l'Etat de protéger ses institutions et ses citoyens et d'intervenir par les canaux compétents pour préserver son économie et se prémunir contre tout soubresaut susceptible de conduire à la faillite, et ce, en sanctionnant les spéculateurs dans le cadre d'une justice équitable soumise à la seule autorité de la loi et forte de magistrats intègres”.Amorçant un retour vers la thématique de la journée célébrée au cercle militaire d'Alger, le chef de l'Etat a déclaré que le 20 Août 1955 et 1956 “est véritablement la consécration de la volonté d'un peuple qui s'est insurgé contre l'injustice”. À ce titre, il a attesté que “quelles que soient les divergences d'opinions sur ce sujet, le congrès de la Soummam est incontestable en raison de ses résultats sur l'avenir du pays”.