En décidant de donner match perdu pour les deux équipes, outre les autres sanctions d'amendes et de huis clos, la commission de discipline de la Ligue nationale de football et la commission de recours de la Fédération algérienne de football donnent l'impression de vouloir ménager la chèvre et le chou. On est tenté de croire que ce verdict avait pour seul but de ne favoriser aucune partie, quitte à créer un précédent en la matière. Mais le hic, c'est qu'il a eu pour effet de provoquer la colère des dirigeants du CABBA et du MCA. Bordjis et Mouloudéens s'accordent à critiquer cette décision qu'ils considèrent comme de la hogra, car chaque partie s'estime lésée. Ils n'arrivent pas à comprendre comment les responsables n'ont pu distinguer entre le bourreau et la victime, dont cette affaire où les deux parties se rejettent la responsabilité. Si le CABBA trouve anormal d'être sanctionné de la sorte, alors que ce sont les supporters mouloudéens qui ont envahi la pelouse synthétique du stade du 20-Août-1955, au MCA, on ne comprend pas pourquoi on leur fait endosser la responsabilité de l'arrêt du match. Si les Chnaouas sont descendus sur le terrain, c'est parce que les fans bordjis les ont agressés les obligeant à se réfugier sur l'aire de jeu. Pour les responsables du Mouloudia, ceci n'est que la conséquence de la mauvaise organisation de l'équipe hôte, qui n'a pas assuré la sécurité pour ce match. Ceci étant, le verdict de la LNF, confirmé par la FAF, suite à l'appel interjeté par le CABBA, ne semble obéir à aucune logique ni texte de loi en la matière, et représente une première en la matière. D'ailleurs, aucun argument n'est venu accompagner la confirmation en appel des sanctions infligées aux deux clubs. Le communiqué très bref, publié sur le site internet de la fédération, s'est contenté d'annoncer la confirmation du verdict sans la moindre explication. Plus grave, même le contenu du rapport de l'arbitre, très contesté, n'a apparemment pas été pris en considération, car il est plutôt favorable à l'équipe locale. En effet, M. Boumaâza a justifié ses décisions par l'envahissement de la pelouse par les supporters mouloudéens. Cet élément déterminant n'a été pris en compte ni par les membres de la commission de discipline de la LNF ni par ceux de la commission des recours de la FAF. On peut alors que s'interroger sur les arguments ayant conduit à un tel verdict défavorable aux deux protagonistes. Reste à savoir pourquoi on a opté pour cette solution pour traiter ce premier dossier de la saison. Y-a-t-il un message qui se cache derrière ? Il n'est, en effet, pas exclu que l'on cherche à faire comprendre aux clubs que la sévérité des sanctions sera de mise dans l'espoir de venir à bout de la violence dans les stades, qui est venue s'ajouter à médiocrité du niveau de notre football local. Est-ce la bonne solution pour voir le bout du tunnel ? Pas sûr du tout !