Tout porte à croire que le général à la retraite prend ombrage de l'omniprésence du frère du Président, Saïd Bouteflika. Bouderie ou vrai divorce ? Le directeur de cabinet de la présidence, le général à la retraite Larbi Belkheir, aurait déposé sa démission il y a quelques jours. Larbi Belkheir, qui se trouvait à Paris depuis deux semaines, serait en rupture de ban avec le clan présidentiel. L'absence prolongée de Larbi Belkheir a soulevé moult interrogations. Pour l'heure, on sait que le directeur de cabinet a quitté précipitamment l'Algérie, prétextant un congé pour des “raisons de fatigue”. Alors qu'il devait rejoindre normalement son poste à la présidence à l'expiration de cette période de détente, Larbi Belkheir aurait, contre toute attente, demandé une prolongation pour une période indéterminée de sa villégiature dans la capitale française. Toutefois, sa requête aurait été refusée et Belkheir aurait renoncé à son départ et a regagné son poste à El-Mouradia, il y a trois jours. Quelles sont donc les raisons de cette brouille entre Bouteflika et l'homme qui lui avait ouvert les portes du palais présidentiel d'El-Mouradia en 1999 ? Vraisemblablement, Larbi Belkheir ne supporte plus l'omniprésence de Saïd Bouteflika, le frère et conseiller du Président, élevé quasiment au rang de chef d'Etat bis. Les deux hommes, à en croire de nombreux témoignages, ont eu de nombreuses altercations et s'évitent depuis longtemps. Le directeur de cabinet aurait piqué à maintes reprises des colères noires et s'en serait même ouvert à des proches auxquels il a confié son incapacité à poursuivre sa mission aux côtés d'un Saïd Bouteflika “envahissant” qui outrepasse souvent ses prérogatives, rognant parfois sur celles de Belkheir. Il a fallu à chaque fois l'intervention du Président pour réconcilier, temporairement, les deux hommes. Le frère du Président, impliqué dans des transactions douteuses rapportées par la presse, aurait pris un grand ascendant au niveau de la plus haute institution de la République. Il est le seul à pouvoir accéder directement et à tout moment au bureau du chef de l'Etat. La rupture entre les deux hommes, si elle venait à se confirmer, mettrait le Président dans un grand embarras quant à ses ambitions politiques. Larbi Belkheir est communément admis comme étant l'un des hommes les plus influents du sérail politique algérien. Ancien chef de cabinet du président Chadli Bendjedid, Belkheir est le chef d'orchestre qui a présidé à l'intronisation de Abdelaziz Bouteflika à la présidence. C'est lui qui s'est chargé de convaincre les principaux généraux de l'ANP de parrainer la candidature de Bouteflika. En retour, il a hérité d'un poste stratégique à El-Mouradia. Lorsque l'ancien Chef de gouvernement, Ali Benflis, avait été limogé en mai dernier, il avait révélé qu'un haut responsable à la présidence avait tenté d'exercer sur lui un chantage en lui proposant son maintien en échange du soutien du FLN à la candidature de Bouteflika pour un second mandat. Certes, Ali Benflis n'avait pas cité le nom de ce haut responsable, mais la presse dans son ensemble n'avait eu aucun mal à conclure qu'il s'agissait de Larbi Belkheir, même si, ce dernier démentira être impliqué dans une telle opération. Cet épisode montre, si besoin est, la nature des liens entre le Président et son directeur de cabinet. De là une question coule de source : Larbi Belkheir partant, de quels appuis pourra se prévaloir Abdelaziz Bouteflika dans sa tentative d'arracher un second mandat au printemps 2004 ? F. A.