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Les intellectuels et la question spirituelle
chronique du ramadhan*
Publié dans Liberté le 31 - 08 - 2009

Les intellectuels sont des éveilleurs de conscience et un levier pour répandre l'espérance. Recherchant librement la vérité, en tant qu'élite, ils ne devraient pas être coupés des préoccupations de leur peuple, ni prétendre au monopole du vrai, et se laisser aller à la lassitude. Les sociétés musulmanes sont fragilisées, mais disposent d'atouts pour la renaissance. Les intellectuels ont pour tâche de récuser le défaitisme et faire admettre le droit à l'espérance, à la différence, le droit à la critique, à la liberté de conscience, droit de cité à des histoires singulières, à des langages, qui permettent d'humaniser et de faire reculer les injustices. Cependant, trop d'intellectuels se sont désintéressés de la question spirituelle, comme facteur d'humanisation, de cohésion et de vitalité, l'abandonnant aux ignorants qui l'instrumentalisent. Tout comme, trop d'intellectuels désertent le champ politique, découragés par sa neutralisation.
Entre les tenants de l'apologie et ceux qui pratiquent le dénigrement, la question spirituelle est détournée. Il est temps, dans le monde musulman, de repenser sereinement ce thème central et favoriser le vivre ensemble. Chemin d'un vrai comportement musulman, non pas celui du revêtement superficiel du rigorisme, mais celui prôné par la vraie spiritualité ouverte, afin de bâtir une société juste : “Pratiquez l'équité : cela est plus proche de la piété.” (S 5, V 8). Le monde arabe est pris entre deux feux : celui des faussaires en tradition et celui des pratiquants du mimétisme occidental. Pourtant, durant des siècles, la civilisation musulmane a orienté vers le vrai et ses savants étaient souvent scientifiques et théologiens. Aujourd'hui, la rupture entre les deux dimensions a conduit à des impasses. Il ne faut pas se laisser piéger par les leurres du système mondial qui divise pour régner. Sa stratégie est de cristalliser des lignes de clivage, interdisant l'expression de la différence fondamentale, celle entre l'ordre dominant et les peuples qui se veulent entiers et libres. Le clivage profond est au niveau du modèle de société de civilisation que l'on veut promouvoir. Il y a un grand défi pour les peuples musulmans, celui de reconstruire une voie singulière, médiane, entre la modernité pervertie et desséchée et le repli sur une ligne rétrograde. Pour ce faire, le rôle de l'élite est irremplaçable. La fonction de l'intellectuel musulman n'est pas de consoler, ou de se limiter à promettre l'au-delà. Il doit viser le concret de la vie, la question de cohérence, de la liberté et de la justice. Le Message, sans confusion, articule et réalise la cohérence : spiritualité et monde. Il vise l'humain confronté à l'épreuve de l'existence et des changements. Les valeurs spirituelles, éthiques, culturelles sont susceptibles de participer à la définition de principes de vie dans un certain nombre d'objectifs à donner à l'action, sans interférer sur les espaces de la responsabilité.
Distinguer et ne pas confondre c'est la ligne qui vise le lien, l'équilibre. C'est cela la singularité de la civilisation, qui est méconnue. Ce sont ceux qui l'instrumentalisent qui basculent dans la confusion. La situation du monde musulman actuel est critique, faute d'une pensée politique et culturelle qui éclaire. Des élites sont marginalisées, et une partie d'entre eux sont démissionnaires, avec des identités schizophrènes, oscillant entre la tentation du repli et la dérive de la dépersonnalisation vers ce que l'Occident produit de pire.
Malgré les subterfuges, l'ignorance et le désespoir, dus aux injustices et à l'aveuglement, la majorité des croyants n'est pas dupe, attachée au progrès, à la foi paisible, à l'identité équilibrée et à l'échange avec les autres cultures. L'intellectuel, selon la culture musulmane, devrait s'opposer au monopole et défendre la dignité des citoyens : “Vous qui croyez assumez la justice, soyez des témoins de Dieu, à l'encontre de vous-mêmes, de vos père et mère, de proches parents. Qu'il s'agisse d'un riche ou d'un pauvre…” (S 4, V 135)
La science, le savoir, alliés à la foi ouverte, au service de la patrie, peuvent transformer des hommes simples, pétris de naturel, en une élite, modèle de bel agir. Ils deviennent l'élite s'ils contribuent à l'élévation de la condition humaine, en premier lieu dans leur pays, défendent l'intérêt général, dépassent l'égoïsme. La construction d'un Etat de droit fort et d'une société responsable et moderne est au cœur de la mission des élites. Eduquer et mobiliser les citoyens, par la pédagogie et l'enracinement des pratiques démocratiques, autour de propositions qui permettent d'avancer sur la voie du développement est l'objectif. Le véritable pluralisme politique constructif se fera avec des intellectuels et des partis politiques qui concourent à la formation du citoyen et à la conquête pacifique du pouvoir. Les élites et la classe politique ont une part de responsabilité. Il ne suffit pas de critiquer l'action de ceux qui gouvernent, il faut présenter aux citoyens des alternatives crédibles.
En conséquence, jeûner, durant le mois de Ramadhan, ce n'est point seulement s'abstenir de boire et de manger, c'est faire le bilan, faire son examen de conscience : que fait-on, chacun, pour la patrie, le rapprochement des points de vue et l'avenir des nouvelles générations ? Il s'agit de consolider les acquis et de corriger les dérives, en vue d'apprendre à contribuer à bâtir une communauté médiane, cité humaine ouverte, juste et équilibrée. Aujourd'hui, le monde musulman ne remplit pas pleinement les conditions de ces nobles critères de civilisation. Une révision des conduites politiques et culturelles doit se réaliser sur la base du savoir et du débat et non pas du monopole et du folklore. L'urgence est la formation d'une élite pluridisciplinaire, afin de tenir compte des valeurs originelles et celle du mouvement historique, de la complexité du présent et des exigences de l'avenir. L'Algérie, en particulier, est en posture de donner l'exemple, si toutes les potentialités s'impliquent.
* M. C. est professeur des universités
www.mustapha-cherif.net


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