Les spectacles Chiche Matedhakch, de la troupe El Badil de Batna, et El Hadj ihab laâouedj de la compagnie Praxis d'Alger, ont été présentés avant-hier au public de Batna, respectivement au Théâtre régional de la ville et à la maison de la culture Mohamed Laïd al-Khalifa. Pour ce qui de la pièce El Hadj ihab laâouedj, le moins que l'on puisse dire est que les Batnis ont été conquis car la pièce a proposé humour, dérision et amusement. De plus, cette pièce a également suscité des interrogations en plongeant ainsi le spectateur dans une profonde réflexion sur plusieurs thèmes liés à la vie et à la société. Quant à la troupe El Badil et son spectacle, Chiche matedhakch, elle a proposé une dizaine de sketches satiriques, en forme de stands-up. Même si à première vue, on peut croire que la troupe El Badil n'aspire qu'à faire rire les gens, avec le recul, on constate, non sans grand plaisir, que son propos est à la fois grave et pertinent. Chiche matedhakch dénonce un certain nombre de comportements sociaux et humains. Ces sketches, construits autour de petites scènes burlesques et de formes brèves, prennent appui sur des sujets quotidiens, sur des tracas de la vie. À la première lecture, les histoires semblent banales, mais lorsqu'on commence à les creuser, et à se pencher sur la façon dont cette structure évolue, on se rend compte du message véhiculé. Les sketches produisent une situation tragique, qui est, paradoxalement, la base même du rire que provoquent ces situations. Pour le public, c'est comme être sur des montagnes russes : il est partagé entre l'effroi et l'hilarité. D'autre part, la pièce, El Hadj ihab laâouedj, a également fait rire le public de la maison de la culture Mohamed- Laïd-al-Khalifa. C'est une comédie qui relate l'histoire d'un vieillard qui décide, après une vie de veuvage, d'épouser une fille très… trop jeune. Par ailleurs, la ville de Batna, privilégiée en spectacles de théâtre, est vraiment désavantagée en soirées musicales. Au sujet de l'absence des autres activités culturelles (la musique variée, classique et autres) et de la programmation d'une quarantaine de pièces théâtrales en ces nuits de Ramadhan, nous avons contacté les directeurs de ces structures culturelles : Mohamed Yahiaoui, le directeur du TRB, et Aïssa Messaoudène, le directeur de la Maison de la culture. Le premier interlocuteur légitime son choix par la fonction du théâtre et l'initiation du public au quatrième art, pendant ce Ramadhan, surtout après cette longue fermeture du théâtre pour des raisons de réhabilitation du bâtiment. Pour ce qui est du deuxième responsable, il nous a expliqué : “Nous avons programmé en ce mois de Ramadhan 14 pièces théâtrales à la maison de la culture de Batna, parce que la direction de la culture de Batna s'est chargée du volet des variétés”. Et d'ajouter : “Lorsque nous organiserons des soirées musicales, le public boude. Par contre, lorsque nous organisons des pièces théâtrales, le public vient en nombre comme vous l'avez constaté cette nuit.” Batna serait-elle en train de devenir la capitale du théâtre ?