Le cycle “Les Mille et une news” initié par le quotidien Algérie News, se poursuit. Avant-hier soir, la librairie Algérie News a abrité une rencontre ambitieuse, portant sur “les festivals, comme forme d'expression culturelle en Algérie ". Les convives ont joué la carte franchise, et sont tombés d'accord sur le fait que faire un festival en Algérie c'est comme se battre contre des moulins à vent ! La rencontre “Les festivals, une forme d'expression culturelle” s'est articulée autour de deux grands axes : l'utilité d'institutionnaliser des festivals en l'absence de création et l'importance des festivals dans la promotion de la culture et de la ville. Modérée par Hmida Ayachi et animée par le directeur du Festival international du film arabe d'Oran, Hamraoui Habib Chawki (fraîchement nommé ambassadeur d'Algérie en Roumanie), le patron de l'Onci et responsable des festivals de Timgad et Djemila, Lakhdar Bentorki, le commissaire du Festival national culturel du film amazigh, El Hachemi Assad, et le commissaire du Festival international du théâtre, Brahim Noual, cette rencontre a tenté d'expliquer –tant bien que mal- l'utilité de créer des festivals en l'absence de création artistique et d'un marché de l'art. A la tête de l'Ismas et commissaire du Festival international du théâtre, Brahim Noual a déclaré : “Les festivals sont un espace ouvert sur le public. C'est une rencontre avec toutes les catégories sociales. Le festival s'ouvre sur la ville, sur le public, et ceci favorise l'échange. On veut créer un débat et un dialogue entre les intellectuels, les créateurs. Les festivals favorisent cette dynamique car c'est le dialogue avec l'autre”. Hamraoui Habib Chawki a de son côté expliqué : “Nous voulons arriver à faire des festivals d'utilité publique. On a trop tardé mais pas dans l'action culturelle. Il nous manque la formation, la stratégie, l'organisation et la clairvoyance. En fait, le festival booste la création. Notre travail n'est pas de valoriser un pays ou changer son image, il ne faut pas non instrumentaliser et politiser les festivals, et ce n'est pas le rôle des intellectuels. L'intellectuel est beaucoup plus grand que cela.” Lakhdar Bentorki a entamé son propos en affirmant que les festivals de Timgad et de Djemila n'avaient rien à voir avec ceux du cinéma et du théâtre. “Nous nous déplaçons dans un endroit désert, un cimetière et on sème la vie. Malheureusement, les infrastructures ne suivent pas et il n'y a pas de moyens d'accueil”, déplore-t-il. Pour El Hachemi Assad, le Festival national culturel du film amazigh est avant tout un défi et une grande aventure, parce que “nous avons créé ce festival pour accompagner l'effort de ceux qui sont sur le terrain”, explique-t-il. D'autre part, les hôtes d'Algérie News, ont évoqué la difficulté de diriger et de veiller à la tenue et la réussite d'un festival en Algérie. Outre le manque d'infrastructures et les critiques acerbes, les quatre responsables de festivals, ont déploré le manque de moyens financiers. En fait, le ministère de la Culture finance et porte ces festivals qui ne peuvent exister d'ailleurs sans le soutien de l'Etat, mais il ne peut offrir ce qu'il n'a pas. En fait, les festivals doivent aller à la recherche de partenaires privés. Toutefois, faire un festival c'est comme se battre contre des moulins à vent, car en Algérie, les festivals n'ont aucune vocation, à part permettre aux gens de sortir. Au-delà du divertissement et de l'aspect festif d'un festival, ce dernier est aussi et surtout un espace de rencontre entre les distributeurs, les formateurs et les créateurs. Ce n'est pas encore ce que proposent les festivals en Algérie, mais les invités d'Algérie News, rêvent tous de Cannes, parlent tous de Cannes et de festivals d'utilité publique comme Cannes. Mais à quoi sert un Festival si le public n'y a pas accès ?