Dans le cadre de son programme ramadhanesque, la librairie Algérie News a rendu hommage, jeudi dernier, au fondateur du réseau “les porteurs de valises”, Francis Jeanson. Durant la rencontre, différents volets de la personnalité de l'homme ont été abordés : Jeanson le philosophe, Jeanson le militant et Jeanson l'homme. À ce propos, l'ami de l'infortuné Jeanson, Mohand Akli Benyounès, président de l'association des moudjahidine de la Fédération de France du FLN, était venu pour rendre un hommage à Jeanson. Il a évoqué sa mémoire en déclarant : “Si ce soir, je suis là c'est pour parler de l'aide qu'a apportée Jeanson au FLN et par la même occasion, à la Révolution algérienne, bien qu'il n'ait jamais pris ou transporté d'arme.” M. Benyounès a affirmé que le travail qu'a effectué Jeanson pour la Révolution algérienne était extraordinaire: “Il nous cherchait des lieux qui nous permettaient de nous rencontrer, il faisait une collecte d'argent et trafiquait même des papiers pour ceux qui voulait rejoindre l'Hexagone.” De plus, M. Benyounès a également insisté sur le fait que cet hommageà Jeanson, amplement mérité , devait se tenir, car c'était une belle personne qui n'avait pas de frontière et qui joignait le geste à la parole. “Depuis son décès, le 4 août dernier, Jeanson est déjà tombé dans l'oubli, pourtant il a risqué sa vie sociale et intellectuelle pour l'Algérie. Mais pour lui son combat en valait la peine”, déplore-t-il. Les conférenciers étaient tous d'accord pour dire que le combat de Jeanson était le combat d'un homme révolté contre l'injustice commise par son pays, car la question de la transgression s'est posée d'elle-même lors des débats. “Le combat que menait Jeanson était un combat de conviction et non une trahison. Pour lui c'est la France qui a trahi ses idéaux. Il croyait aux valeurs de la République française c'est pour cela qu'il a combattu pour la cause algérienne”, explique l'un des intervenants. Quant aux raisons qui ont poussé Francis Jeanson a créer le mouvement, le déclic est venu lors d'une rencontre avec le préfet de Sétif où au cours d'une conversation entre les deux hommes, le préfet pointe du doigt une pierre et lui dit “voilà nos Arabes”. Par ailleurs, M. Merdaci, a soulevé la problématique de la réécriture de l'histoire. “J'ai feuilleté tous les manuels scolaires et aucun d'eux ne parle de Jeanson ou d'autres personnes qui ne sont pas Algériens et qui ont défendu la cause algérienne. Nos manuels d'histoire sont formatés, instrumentalisés et censurés. Il faut apprendre aux générations futures que la guerre de Libération n'a pas été faite que par des musulmans ou au nom de l'Islam, mais qu'elle s'est faite au nom d'autres idées.” Il ajoute : “Nous sommes orphelins de notre histoire. Elle est écrite par des Européens, c'est pour cela que nous devont faire l'effort de l'écrire par nous-mêmes.” Par ailleurs, Francis Jeanson n'était pas une exception, d'autres hommes et femmes venant de divers milieux intellectuels ou religieux, ont combattu pour l'Algérie indépendante et que l'oubli a pris dans son sillage. C'était donc un bel hommage et une belle évocation, mais est-ce que l'image de Francis Jeanson a été réhabilitée pour autant ? Question en suspens.