Quatre années après son entrée en vigueur, l'accord d'association Algérie- Union européenne n'a pas eu l'effet escompté, celui de booster les exportations hors hydrocarbures et d'attirer des investissements directs productifs. C'est du moins l'avis officiel du gouvernement algérien. L'évaluation préliminaire de la mise en œuvre de l'accord fait ressortir un constat d'échec. C'est plutôt l'inverse qui s'est produit en témoignent les statistiques officielles. “Pour 1 dollar exporté vers l'UE, l'Algérie importe pour 20 dollars”, avait indiqué en mai dernier Mohamed Zaâf, directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce. Selon le même responsable, les exportations algériennes hors hydrocarbures vers les pays de l'UE restent “marginales” en s'établissant à un milliard de dollars en 2008, contre des importations de 20,8 milliards de dollars auprès de la même région. Le ministre des Affaires étrangères avait annoncé que notre pays n'exporte que 2% de ce qu'il importe de l'UE en matière de produits alimentaires. Il en est de même pour la branche services où l'Europe a exporté en 2008, 5,4 milliards de dollars, contre 2,2 milliards de dollars en faveur de l'Algérie. Depuis 2005, les importations algériennes auprès de l'UE ont augmenté de près de 80%, passant de 11,2 milliards de dollars à 20,8 milliards de dollars fin 2008. Sur le plan agricole, par exemple, les importations algériennes depuis la zone euro sont passées de 1,2 milliard de dollars en 2005 à 2,8 milliards de dollars en 2008. L'importation des produits industriels a atteint 17,7 milliards de dollars en 2008, contre 9,8 milliards de dollars en 2005. Les importations en provenance de l'UE constituent 55% des importations globales de l'Algérie. Pour ce qui est des contingents tarifaires accordés par l'Algérie à l'UE dans le cadre de l'accord d'association, M. Zaâf a indiqué que ceux-ci ont été consommés totalement par les pays de l'UE et, qu'à l'inverse, l'Algérie n'a consommé que 6 sur les 41 octroyés par l'UE à des taux très faibles qui ne dépassent pas les 10%. En d'autres termes, notre pays ne tire pas profit de l'accord. Par ailleurs, M. Mohamed Zaâf avait relevé une très faible présence des investisseurs européens en Algérie, notamment dans les secteurs hors hydrocarbures, l'absence d'un dispositif permanent de partenariat et une érosion d'année en année des préférences accordées à l'Algérie en 2002. Alors que l'accord d'association devait booster la présence européenne en Algérie et aider notre pays à entrer à l'OMC. Par ailleurs, des entreprises algériennes, dont certaines des plus performantes, comme Sonatrach, ne sont pas traitées de la même manière en Europe. En outre, les opérateurs économiques estiment que la faiblesse du volume des exportations algériennes hors hydrocarbures vers les pays de l'UE est due au fait qu'ils soient confrontés à “des contraintes liées à des conditions techniques et réglementaires d'accès au marché européen des plus restrictives”. Le fait est que le marché européen, en dépit de clauses claires, reste fermé aux produits algériens, contrairement aux produits européens qui bénéficient d'un accès privilégié au marché algérien. C'est en quelque sorte à ce niveau que l'agacement de l'Algérie se situe et que les responsables algériens veulent corriger. Côté européen, c'est le discours inverse. On s'étonne même de la réaction algérienne, venant surtout du gouvernement. Les Européens affirment que depuis son entrée en vigueur, 21 réunions de groupes de travail sectoriels ont été organisées. “On se réunit deux fois par an à haut niveau dans le cadre du conseil d'association. Un responsable de la Commission européenne avait soutenu qu'après son entrée en vigueur, en un an, les exportations ont doublé, cela veut dire que l'accord est un succès, affirmant que si aujourd'hui les entreprises algériennes n'arrivent pas à placer leurs produits sur le marché européen, c'est parce que ces produits ne répondent pas aux normes européennes. Le même responsable a indiqué que la commission est prête “à aider les entreprises algériennes à se mettre aux normes européennes”. En tout état de cause, l'Algérie et l'Union européenne devraient se revoir l'année prochaine, dans le cadre de ce qui est appelé “la clause de rendez-vous”, pour évaluer deux points essentiels : les services et les produits de la filière pêche et agriculture. En attendant ce rendez-vous, des experts de l'Union européenne avaient séjourné il y a quelques mois en Algérie pour faire une évaluation de l'impact de l'accord d'association.