Le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, a demandé hier à l'Union européenne la révision du calendrier du démantèlement tarifaire prévue par l'accord d'association conclu en 2002 et entré en vigueur en 2005, révision à laquelle les partenaires européens ont répondu positivement. Dans une allocution prononcée au Luxembourg à l'ouverture de la 5ème réunion du Conseil d'association Algérie-UE. M. Medelci, cité par l'APS, a indiqué que « l'Algérie, qui tient au respect des dispositions pertinentes de l'accord d'association et à la concertation bilatérale, a décidé de faire recours aux dispositions de l'accord d'association autorisant la révision du calendrier du démantèlement tarifaire ». « Des propositions concrètes seront bientôt transmises dans ce sens au comité d'association » a annoncé le ministre des affaires étrangères. C'est que, pour notre pays, cinq années après son entrée en vigueur, l'Accord d'association Algérie- Union européenne n'a pas eu l'effet escompté, celui de booster les exportations algériennes hors hydrocarbures et d'attirer des investissements directs productifs, même si M. Medelci a reconnu que les relations entre l'Algérie et l'Union européenne « ont gagné en intensité » à la faveur de cet accord d'association. « Mon pays, en signant l'accord d'association, voulait développer une coopération globale qui couvrirait tous ses volets : politique, économique, et commercial, culturel, social et humain. Or jusqu'à maintenant, nous relevons clairement que le volet commercial a reçu une attention particulière par rapport aux autres » a constaté le ministre des Affaires Etrangères, précisant qu'il était de l'intérêt des deux parties, en tout cas pour l'Algérie, que « la libre circulation des marchandises puisse s'accompagner d'une meilleure dynamique d'investissement et d'une meilleure mobilité des personnes ». Le ministre a rappelé aux partenaires européens que « l'accroissement des investissements directs européens en Algérie constitue un des objectifs essentiels de l'accord d'association ». Or, sur le terrain, les flux d'investissements européens sont en deçà de ses attentes, en particulier ceux destinés à promouvoir la diversification de son économie et de ses exportations. Dans une évaluation préliminaire de la mise en œuvre de l'accord, les experts de l'UE reconnaissent que les investissements européens sont peu importants et de petite taille, en comparaison, par exemple, avec les investissements des pays arabes. C'est le point faible de l'Accord d'association. « Sensé être un catalyseur pour le développement des investissements directs européens en Algérie, force est de constater que cinq années après son entrée en vigueur, l'accord d'association n'a pas eu encore l'effet d'entraînement attendu », a déploré M. Medelci, en relevant que les investissements de l'UE ne représentent que le tiers de l'ensemble des IDE reçus par notre pays, quand bien même une tendance positive toute relative commence à être enregistrée ces dernières années. Le Commissaire européen à l'élargissement et à la politique de voisinage M. Stefan Füle, en visite récemment à Alger a indiqué qu'il ne suffit de signer un traité pour que les choses fonctionnent, il faut des réformes structurelles profondes. En d'autre terme, si l'Algérie n'a pas tiré profit de l'accord d'association, c'est parce que les réformes structurelles n'ont pas été menées. Sur le plan des conséquences du démantèlement tarifaire, M. Medelci met en avant les pertes substantielles en recettes douanières pour l'Algérie au titre de la période 2005-2009, de l'ordre de 2,5 milliards de dollars, avec une projection pour 2010-2017 d'environ 8,5 milliards de dollars. Mais pour les européens qu'aucun impact du démantèlement tarifaire sur les flux d'échanges n'a pu être mis en évidence. « Globalement la part de l'UE dans les importations de l'Algérie a régressé passant de 57,4% en 2002 à 51,9 en 2007 au bénéfice de la Chine dont la part de marché a sensiblement augmenté», ont relevé les experts de l'UE. L'Algérie reproche à l'Union européenne de mettre en place des barrières non tarifaires, comme les normes, qui empêchent les produits algériens d'accéder au marché européen. Le ministre a relevé que les exportations agricoles ont, non seulement reculé, mais que même la consommation des contingents tarifaires alloués à l'Algérie reste très faible. Le seul élément positif provient des exportations de la pêche qui ont atteint 18 millions d'euros et dont la balance commerciale est légèrement en faveur de l'Algérie. Là aussi les européen pensent le contraire. « Hors hydrocarbures l'UE, notent les rédacteurs du rapport, «reste de très loin le premier client de l'Algérie » estime-t-on du coté européen. M. Medelci a rappelé, à cet égard, que les réunions des sous-comités « agriculture et pêche », « coopération douanière » et « dialogue économique » de cette année ont permis d'identifier des axes de coopération intéressants à mettre en œuvre dans le futur. Lors de la réunion du sous comité « agriculture et pêche », le 2 mars 2010, à Bruxelles, il a été relevé que l'Algérie est confronté à des problèmes du fait des normes et de la réglementation européenne. Alors durant la 4éme session du dialogue économique, tenue le 16 mars dernier à Alger, les deux parties ont abordé la question de la diversification de l'économie. Les secteurs prioritaires identifiés par l'Algérie sont, entre autre le développement de la PME, le tourisme, l'agriculture, l'agroalimentaire, les technologies de l'information et de la Communication et enfin des énergies renouvelables. Dans ce cadre le ministre des affaires étrangères, a aussi rappelé la décision d'organiser deux séminaires sur la problématique de l'accès des produits agricoles algériens sur le marché européen, dont le premier se tiendra à Alger à la fin de juin en cours. Pour autant, tout n'est pas noir. Le ministre des affaires étrangères a souligné que l'Algérie « se félicite des progrès enregistrés dans la négociation de l'accord de coopération sur la recherche scientifique et technologique »', et a espéré que « l'aspect innovation soit pleinement intégré dans l'accord final ». M. Medelci a relevé la satisfaction de l'Algérie en matière de coopération financière saluant « la décision de recourir à l'approche budgétaire nationale 2011-2013. Cependant le ministre a regretté, « 'les réductions substantielles opérées, de manière unilatérale, sur l'enveloppe financière allouée à notre pays », et a réitéré l'espoir partagé de recouvrer ces ressources dans un cadre à la fois concerté et diligent. En effet, dans les programmes adoptés le 2 mars dernier par la commission européenne le Maroc a obtenue 580,5 millions, l'Egypte 449,3 millions d'euro et la Tunisie 240 millions, alors que l'Algérie n'a reçu que 172 millions d'euros.