La révélation de Sourate Echouâra fut un événement majeur avec un écho important dans la cité. Elle apporta les correctifs qu'il fallait en inversant l'ordre des choses pour rétablir la vérité en bousculant des idées préétablies. Elle a répondu par le langage que comprenait Koraïch, c'est-à-dire tant dans la forme, la manière, le style et que le contenu et la finalité, en les défiant sur leur propre terrain. On relève : a. L'existence de huit récits prophétiques sous forme parabolique : Il s'agit du récit d'une des épreuves particulières du Prophète Mohamed (P. et S. Sur Lui) avec Koraïch suivis de sept autres, Moïse, Abraham, Noé, Houd, Salah, Loth et Chouaâb avec leurs peuples respectifs, pour montrer le sort de ceux qui n'écoutent pas leurs prophètes. Tous ces prophètes connaissent l'arabe soit d'origine comme Noh, Houd et Salah, soit d'adoption, Abraham, par ses multiples voyages et séjours dans la presqu'île arabique, soit de naissance, Loth et Chouaâb, soit par l'apprentissage, Moïse grâce au séjour de dix ans passés auprès du prophète Chouaâb, le tribun des prophètes, comme l'a qualifié notre Prophète (P et S sur lui) après avoir épousé l'une de ses deux filles. Cela prouve que le Prophète (Pet S Sur Lui) est le fidèle héritier de la prophétie, de la langue du Paradis et de l'art de communiquer mais non pas ses détracteurs parmi les koraïchite qui voulaient le ridiculiser. b. Chaque parabole se termine par une sorte de refrain contenant deux versets qui se répètent à chaque fois : “En vérité, il y a en cela, un signe, mais la plupart d'entre eux ne croient pas. (08) En vérité, ton Seigneur est le Tout-puissant, le Tout-compatissant.” (09) Ces deux versets servent ainsi de transition d'une parabole à une autre, destinés à rappeler au Prophète qu'il n'avait pas à s'attrister de l'impiété de ses concitoyens qui refusaient son appel à glorifier le Dieu unique. D'autres prophètes avant lui avaient connu les mêmes difficultés. Ils s'adressent aussi bien aux Mecquois qu'aux générations d'hommes ayant vécu après ces récits. Ils servent enfin d'exemple à ceux qui veulent méditer. c. Elle se distingue par des versets courts et rythmés, ce qui la place, en dépit de sa longueur moyenne, au deuxième rang, (227), juste derrière El Baqara (285). Cela beaucoup de gens ne le savent pas. Ainsi, cette sourate révolutionna en particulier la poésie qui était contenue dans des vers obéissant à des règles très strictes et rigides. Il s'agit du premier exemple d'écrit dont s'inspirera sans doute par la suite la poésie dite libre. d. La plupart des paraboles obéissent à un style de récit particulier, contenant notamment des scènes et des dialogues de façon à permettre de bien encadrer le texte. e. Tous les versets ont une terminaison rythmée en in et parfois en im, donnant une consonance mélodique. f- Une conclusion en 38 versets en forme de symétrie composée de : 1. Une affirmation en 18 versets, soit la moitié, que le Coran est une révélation rapportée par un ange messager sûr, l'Ange Gabriel : “En vérité, ce Coran est une révélation émanant du Seigneur des mondes, (192), déposés par l'Esprit fidèle...” (193-209) 2. Une infirmation également en 18 versets que Satan n'a pas pouvoir de dénaturer ou de modifier le texte révélé comme le prétendent certains mécréants : “Ce ne sont pas les démons qui ont transmis (cette révélation)”. (210-227) La conclusion est d'un équilibre parfait en faisant la distinction entre les aspects positifs à encourager et des aspects négatifs dont la sourate dénonce, notamment les écrits bâtis sur le mensonge, la haine, l'esprit tribal et la magie du verbe trompeur. Par contre, elle est acceptée lorsqu'elle est utilisée à bon escient dans un idéal élevé de l'amour, de l'honneur, de la générosité et de la fidélité et prenant la défense des causes justes. Au bout du compte, Sourate Echouara, un véritable monument architectural, tant dans le fond que dans la forme, a encore défié les Koraïchite sur leur terrain en apportant une réponse appropriée. Ce faisant, elle demeure un hymne et une inspiration infinie pour le développement, la poésie, la culture, la langue et l'identité. Il faut noter que l'Islam, en se répandant grâce à la soumission voulue et consciente des peuples qui l'ont adopté, a de tout temps respecté les bonnes coutumes, les langues et l'identité de ces peuples. Comme en littérature, le récit de Sidna Youcef, nous avons des poètes d'hier et d'aujourd'hui tant en arabe, en français qu'en kabyle ou en melhoun qui ont marqué leur temps de leur empreinte et qui nous font honneur. Une leçon pour nos extrémistes qui en ces temps pullulent et font des ravages.