Badr, les armées des croyants, sous la conduite du Prophète (P. et S. sur lui) et avec l'aide de Dieu, ont été victorieuses en ce sens qu'elles ont pris le dessus sur une armée autrement plus importante. Toutefois, cette dernière n'avait pas été anéantie. Elle avait battu en retraite pour sauver l'essentiel dans la perspective de se replier et pouvoir plus tard prendre sa revanche. C'était le calcul d'Abou Sofiane qui avait pris les commandes après la disparition de son chef Abi Djahl. Les mécréants avaient un calcul et Dieu le sien. D'aucuns diront que Dieu qui avait envoyé une armée d'anges, aurait pu écraser les Mecquois une fois pour toutes. Mais il ne l'avait pas fait. Pourquoi ? Dans Sa Miséricorde, il avait acquiescé l'imploration de son Prophète (P. et S. sur lui) de sortir des entrailles de la Mecque et des autres cités alentour, les gens qui croient en lui. À Badr, seuls les mécréants invétérés avaient trouvé la mort. Nombre d'entre ceux qui avaient vécu Badr ont, par la suite, rejoint progressivement le rang des croyants dont Abou Sofiane et sa femme Hind. Qui aurait pensé cela auparavant? De plus, il fallait penser à ceux, hommes, femmes et enfants, restés à la Mecque et dont nombre d'entre eux avaient de la sympathie et du respect pour le Prophète (P. et S. sur lui). C'est pour cela que les guerres saintes, notamment les plus grandes, Ouhoud, El Ahzeb, Hounain et l'ouverture de la Mecque sont pleines d'enseignements. Contrairement à ce que l'on pense, cela n'a jamais été le va-t-en guerre, en écrasant tout sur le passage et en pratiquant le massacre et la terre brûlée. Chaque guerre sainte a sa propre signification pour servir de leçon. C'est pour cela qu'il est utile de s'arrêter brièvement sur les particularités des trois grandes batailles citées, et dont le Coran a consacré des passages immortels en les évoquant par le nom. 1. La bataille de Ouhoud, aux environs de Médine, a vu d'abord les croyants l'emporter grâce au surnombre, ce qui provoqua un délire dans leur rang, puis un retournement de situation. En dépit des consignes données par le Prophète (P. et S. sur lui), les éléments chargés de surveiller l'arrière-garde, grisés par la retraite de l'ennemi, quittèrent leur poste pour se mettre dans la mêlée et exprimer leur joie un peu prématurément. C'est alors que le rusé Khaled Ibn El Oualid, qui se cachait derrière la colline, fonça droit avec sa cavalerie sur les combattants musulmans en les prenant d'assaut. Ces derniers, qui ont subi des pertes, se replièrent, vite, dans les piémonts rocailleux pour avoir la vie sauve, surpris par le retournement de la situation à l'avantage de leurs ennemis, par leur manque de précaution et par suffisance. C'est là que Hamza, l'oncle du Prophète (P. et S. sur lui), trouva la mort, par la main d'un esclave spécialement recommandé par Hind, l'épouse d'Abou Sofiane, qui eut l'audace de l'éventrer et de manger son foie. La guerre a ses secrets. Khaled devint rapidement l'épée brandie de Dieu, alors que le grand chef et son épouse seront parmi les derniers à embrasser l'Islam, avec la conquête pacifique de la Mecque. 2. La bataille d'El Ahzeb : La semi-victoire de Ouhoud a encouragé Koraïch à récidiver pour au moins effacer la déroute de Badr. Cette fois-ci, Koraïch a préparé les choses en grand, en formant une coalition avec les tribus alliées de la presqu'île arabique, avec l'objectif d'effacer Médine, devenue trop gênante pour elle, de la carte. C'était compter sans la ruse de guerre du Prophète (P. et S. sur lui) et de ses compagnons, qui construisirent une large fossé dans les gorges des monts menant vers la ville, en établissant ainsi un barrage infranchissable. De plus, les troupes des croyants ont été galvanisées en tenant compte de la déroute de Ouhoud. Ces derniers ont résisté au siège des coalisés. Comme à Badr, la main de Dieu s'était manifestée en envoyant sur eux une tempête de froid et de sable qui les décima, les contraignant à retourner bredouille. Dieu aide les croyants lorsqu'ils sont exacts. Ce fut une occasion aussi pour débarrasser Médine des hypocrites laissés derrière et qui ont conspiré, avec les assaillants, contre le Prophète (P. et S. sur lui) durant le siège. Une sourate de la longueur d'un hizb porte le nom de cette bataille. 3. La bataille de Honaine : c'est l'une des grandes batailles menées par le Prophète (P. et S. sur lui) en personne, visant à soumettre cette localité proche de la Mecque, sur la route vers le Yémen, en occupant un poste stratégique et permettre d'étendre l'Islam, notamment après l'ouverture de la Mecque, car les exégètes la placent après. Défaite, Honaïne accepta les conditions du Prophète pour garder toute sa liberté. Mettant les croyants en sécurité, elle les surprit par des attaques en réussissant à les ébranler. Comme à Badr, la main divine les sauva d'une catastrophe certaine. Comme leçon, les croyants doivent faire attention et ne pas se fier facilement à un ennemi nouvellement soumis. 4. L'ouverture de la Mecque : il s'agit d'une ouverture, non d'une bataille, qui s'est faite en deux étapes. Le Prophète, sentant que l'ouverture de la Mecque était proche, avait ordonné d'abord une marche pacifique et sans armes pour effectuer un premier pèlerinage. Apprenant son arrivée aux environs de la cité, Koraïch envoya un groupe de jeunes cavaliers, bien armés, pour chercher la provocation. Disciplinés, les croyants se sont gardés d'y répondre. Elle chargea alors une délégation pour discuter d'une convention avec le Prophète (P. et S. sur lui). La diplomatie prend le dessus. Le Prophète (P. et S. sur lui), accepta un compromis, celui de retarder l'entrée à la Mecque d'une année, ce qui a déplu à des compagnons. Mais le Prophète (P. et S. sur lui) considéra qu'il s'agissait d'un pas important dans la victoire finale comme il le vit en songe et le rapporta sourate El Feth. L'année suivante, il revint à la tête de 10 000 croyants et la Mecque qui avait refusé la révélation, chassé le Prophète et ensuite lui avait déclaré la guerre, ouvrit la porte de la Kaâba sans coup férir, avec l'adhésion en masse de ses habitants, dont ses dignitaires restés en vie, à la nouvelle religion. Ce fut le grand triomphe. Les batailles sacrées menées, avec droiture, discipline et intelligence, par le Prophète (P. et S. sur lui) constituent des modèles parfaits de stratégie et de tactique. Contrairement à l'idée faussement répandue que l'Islam s'était imposé par l'épée, la vérité est qu'il s'était propagé beaucoup plus par le contact humain, la science, la culture, l'éducation, la diplomatie et les échanges. De plus il respecte les femmes, les enfants, les vieillards et les prisonniers de guerre. De même pas de terre brûlée. C'est à méditer. S. B. Email : [email protected]