Selon M. Chadi, “il sera nécessaire de travailler sur deux axes, pour arriver à l'autosuffisance”. L'Algérie a pu combler son retard en aviculture, lorsqu'il existait une réelle volonté politique de le faire. Depuis des décennies, on n'importe plus de poulet de chair ni d'œufs, mais on continue d'importer des aliments de bétail, ce qui participe à la flambée des prix, puisque ce paramètre vital n'est pas maîtrisé et dépend des cours internationaux du maïs, du soja, etc. 1er axe : augmenter la production (élevage artisanal et familial), en arrivant à convaincre les gens de réaliser 3 ou 4 bandes (une bande est un élevage d'une durée approximative de 50 jours), tout au long de l'année, afin de démultiplier la production. Le délai séparant les bandes est utilisé aux opérations d'hygiène et de soins. 2e axe : l'aviculture algérienne dépend du couple maïs/soja, soumis aux fluctuations boursières et aux politiques locales d'environnement (carburants verts), ce qui se répercute sur le prix des viandes blanches. Deux actions doivent être mises en œuvre très vite, selon M. Chadi : 1- “Il faudra introduire des produits de substitution comme le triticale (plante destinée à l'alimentation du bétail), le son, l'orge, etc. afin de réduire l'influence de l'importation sur la structure du coût, 2- envisager la culture industrielle du soja et du maïs en Algérie.” Ces actions doivent s'inscrire dans la stratégie nationale visant à réaliser l'autosuffisance alimentaire. La demande en viande blanche est en croissance constante, avec en contrepartie une offre rigide qu'il faudra booster. Il existe des abattoirs dépendant des secteurs public et privé. Il faudra arriver à fédérer les éleveurs autour de ces abattoirs, en leur faisant signer des conventions, à l'exemple de celles de l'Onab qui, sur la base d'une convention préétablie, fournit aux éleveurs le poussin de chair (et les poules de ponte), l'aliment, assure le suivi technique (vétérinaire, etc.). Une fois le produit prêt, il est repris par l'abattoir qui se chargera de la commercialisation. Cette convention détermine l'ensemble des prix jusqu'à la vente. Ceci est un exemple qui pourrait être élargi aux autres opérateurs privés, ou publics puisque tout le monde semble y trouver son compte. La régulation se fait au niveau des abattoirs : le surplus peut être stocké pendant 18 mois maximum, selon les experts, et mis sur le marché pour éviter aussi bien une chute dramatique des prix qu'une surchauffe, l'objectif premier étant de concilier les intérêts du producteur et du consommateur. Ainsi, ce dispositif permettra aux abattoirs publics et privés de se charger de la commercialisation à travers un réseau national de points de vente, d'une part, et par le biais de la franchise d'autre part : les abattoirs fournissent les viandes à un réseau de bouchers distributeurs conventionnés. Cette année, le réseau a été mis en place à titre expérimental pour Ramadhan 2009, avec 60 points de vente, pour l'instant sur les 80 prévus dans 19 wilayas. Afin d'en assurer le succès, cette opération a bénéficié d'une publicité dans la presse écrite. Un tel dispositif, en plus de sa mission principale qui consiste à faire échec à la spéculation devenue une tradition, pourrait assurer la traçabilité des produits carnés, afin de faire face à l'abattage clandestin et à tous les risques qu'il fait courir aux consommateurs. L'ensemble des intervenants est concerné par ce type d'organisation puisque tout le monde y trouve son compte : le producteur, le consommateur et le commerçant. La solidarité des groupes interprofessionnels finira par assurer la pérennité d'une telle organisation. Pour ce qui est de la viande rouge, 3 centres régionaux ont été délimités, avant qu'ils ne soient lancés incessamment dans les zones de production traditionnelles, selon leur vocation, d'élevage ovin ou/et bovin, à El-Bayadh, Djelfa et Oum El-Bouaghi. Ces centres d'abattage, privés et publics, joueront le rôle de régulateurs afin d'éviter les opérations de délestage en période de surproduction ou de surchauffe et de hausse brutale des prix en période de pénurie. Comme le Syrpalac exige la disponibilité de capacités frigorifiques importantes, les pouvoirs publics ont recensé ce qui existe en vue de le réhabiliter et de le moderniser, mais il est attendu des investisseurs privés de s'intéresser à ce créneau porteur en pleine expansion.