Dans les années 1990, un magnifique édifice a été construit pour abriter l'Office des droits d'auteur, l'ONDA. Les fonds nécessaires à sa construction ont été puisés justement du produit des droits d'auteur consacrés au sein de l'office. De ce fait, la propriété de l'édifice revenait de droit aux auteurs. Plus que la question de droit de propriété inaliénable des auteurs, la nature du bâtiment est spécifique et non classique. Elle répond aux besoins et exigences des différents métiers des auteurs du domaine de la culture. Outre les salles classiques destinées à la gestion administrative, y ont été réalisés des espaces d'enregistrement de forme adéquate et équipés de matériaux chèrement importés, appropriés et symptomatiques pour assurer le confort technique et l'acoustique nécessaire, des salles de représentations théâtrales, des salles pour les traitements techniques, des cellules de doublage, le montage, le visionnage, des salles de projection et de répétition et un somptueux auditorium destiné à abriter des conférences et autres rencontres culturelles. Quant à l'agencement de la façade extérieure, elle ne peut mieux être expressive de ce qu'elle annonce. L'édifice ainsi typiquement construit ne pouvait alors abriter d'autres activités que celles pour lesquelles il a été conçu et étudié. Contre toute logique scientifique et de bon sens, il a été arbitrairement affecté au domaine du culte qui aurait été aisément installé dans un bâtiment courant, d'autant plus que les espaces sous la forme de procédés techniques ne peuvent lui être utiles. La famille des artistes n'est pas restée muette. Elle a manifesté son refus et son mécontentement face à une telle attitude inique et illégale. Des réunions ont eu lieu et ont abouti à l'organisation des sit-in et autres actions de résistance mais qui se sont avérées vaines face à la détermination des décideurs politiques de l'époque, prêts à utiliser, au besoin, la force publique pour engager l'expulsion. Le ministère de tutelle, quant à lui, a simplement brillé par son silence complice. Depuis, l'Office national des droits d'auteur (l'ONDA) a été “jeté” dans une ancienne villa datant de l'époque coloniale à Bologhine, totalement inadaptée, inconvenante, difficile, voire impossible d'accès. Cette décision de délocalisation à contre-sens illustre parfaitement le sort réservé au monde de la culture et de la création dans notre pays. Les auteurs, encore sous le choc, assistent malgré eux et résignés à la disparition d'un joyau artistique et pédagogique qui aurait servi à satisfaire les besoins techniques de création et d'animation culturelle. Une sage décision de réapparition des lieux naturels des auteurs est tant espérée. A. A. ([email protected])