À moins d'un retournement spectaculaire, le ministre égyptien de la Culture Farouk Hosni va devenir le premier Arabe à diriger l'Unesco. L'organisation internationale réunit depuis hier son Conseil exécutif en son siège à Paris pour désigner un successeur au Japonais Koïchiro Matsuura qui achève cette année son second mandat de quatre ans. Il ne pouvait pas se représenter. M. Hosni, ministre de la Culture depuis plus de 20 ans dans son pays, affirme bénéficier d'ores et déjà des voix de 32 des 58 pays membres de l'Unesco qui siègent par rotation au Conseil exécutif. Sa candidature a été proposée par l'Egypte, le Koweit, la Libye et le Soudan. Il est officiellement appuyé par la Ligue arabe, l'Union africaine et l'Organisation de la conférence islamique. Mais ses soutiens ne s'arrêtent pas là. Il en a aussi d'autres comme ceux de la France et des Etats-Unis soucieux de renforcer le rôle de l'Egypte au Proche-Orient. Le pays est aussi coprésident de l'UPM. “L'Egypte est un grand facteur de paix dans cette région du monde et on est bien content de l'avoir”, a-t-on fait valoir dans l'entourage du président français, soulignant que pour les mêmes raisons, “Israël ne s'oppose pas à ce candidat et les Etats-Unis non plus”. M. Sarkozy, après quelques hésitations, semble avoir pris un engagement en ce sens avec Hosni Moubarak. S'il fallait une preuve pour démontrer ce soutien, le quotidien Le Monde l'a récemment apporté. C'est Henri Guaino, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, qui a été à l'origine d'une tribune publiée en mai dernier dans ses pages par M. Hosni, dans laquelle il se défendait des accusations d'antisémitisme. M. Guaino, plume de son chef, aurait écrit lui-même la tribune. Elle répondait à une attaque menée dans les mêmes colonnes en réponse à une attaque du ministre par trois intellectuels juifs, l'écrivain Bernard-Henri Levy, le cinéaste, Claude Lanzmann et le Prix Nobel de la Paix, Elie Wiesel. Ils dénonçaient le “naufrage annoncé” de l'Unesco, en mettant en garde contre la désignation d'”un homme dangereux”, le “contraire d'un homme de paix”. Sa candidature a également été qualifiée de “scandaleuse” par la prestigieuse revue américaine Foreign Policy. Tous lui reprochent d'avoir multiplié dans le passé des déclarations “nauséabondes” contre les Juifs. Farouk Hosni a affirmé “regretter” ses propos de 2008, se défendant de tout antisémitisme, et disant fonder son action sur “la réconciliation entre les peuples”. “Au moment où il faut se mobiliser contre les forces de la régression et de l'enfermement communautaire, partout à l'œuvre, le choix d'un Arabe, d'un musulman, d'un Egyptien serait, au-delà de ma personne, un formidable message d'espoir”, a-t-il écrit dans un plaidoyer publié par Le Monde. Sa principale concurrente, l'Autrichienne Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne aux relations extérieures, a reconnu la semaine dernière à Stockholm qu'elle ne pourrait même pas disposer d'une position commune des Européens sur sa candidature. Deuxième à avoir officiellement posé sa candidature proposée par le Cambodge, l'ancien chef de la diplomatie algérienne n'a aucune chance. Contre un des siens, l'Algérie a suivi le choix de la Ligue arabe. Le candidat désigné sera ensuite confirmé en octobre par la Conférence générale, l'assemblée plénière des 193 membres de l'organisation.