la JSM Béjaïa va mal, et pour s'en rendre compte, il suffit de voir ces visages tristes et livides des joueurs à la fin de la rencontre vendredi soir à Bouira, à l'issue de la défaite, encore une autre, “at home” devant l'USM Blida. Insultés, conspués par un public frondeur lassé par les résultats catastrophiques en ce début de saison, les coéquipiers de Zafour, affalés à même le sol des vestiaires du stade, n'ont plus la force de réagir devant la malédiction. Pas même le moyen de trouver les mots pour justifier la débâcle devant un parterre de journalistes à l'affût de la moindre indication. Retranchés dans leur tanière de fortune, le regard hagard, les Béjaouis n'ont plus qu'une chose en tête : fuir cette arène qui, visiblement, ne leur porte pas bonheur pour retrouver leur terrain fétiche de l'unité magrébine, fermé depuis le début de la saison pour la pose d'une nouvelle pelouse synthétique. À ce propos, selon les quelques brides d'informations recueillies tant bien que mal sur place, la délivrance est pour bientôt, peut-être à l'occasion de la prochaine réception à Béjaïa, prévue dans une quinzaine de jours. Mais, en attendant, la tension est palpable, grandissante. Chargés par un service d'ordre vigilant, les supporters ne lâchent pas prise. Ils veulent des comptes. Plutôt des explications sur cette déroute précoce. Hamouche pris à partie par des dirigeants de la JSMB La délégation béjaouie préfère faire le dos rond. Il faut attendre que l'orage d'été passe. Plus que le doute, la peur semble gagner ce groupe recroquevillé sur lui-même, refusant toute interview aux journalistes, histoire de ne pas envenimer les choses. Par peur sans doute de déballer le linge sale en public dans une maison où il ne fait plus bon vivre. Le coach adjoint Hamouche, l'entraîneur intérimaire de la JSMB depuis le départ mouvementé du technicien français Chay, est du reste pris à partie publiquement dans le couloir des vestiaires par quelques dirigeants du club, lui reprochant ses choix tactiques. À son corps défendant, il tentera de répliquer plutôt sereinement : “vous savez très bien que je ne suis pas la cause de cette défaite, les raisons vous les connaissez très bien”, lance-t-il comme pour pointer le doigt sur un mal profond. en effet, depuis que le président Boualem Tiab a révélé dans les colonnes de liberté que certains joueurs ont levé le pied pour provoquer le départ de Jean-Yves Chay, il y a de la suspicion dans l'air. Une accusation grave qui ne peut rester sans suite sous peine de faire imploser le groupe. Qui sont donc ces “traîtres” ? Personne n'ose répondre, et l'on se regarde comme des chiens de faïence sans remettre en cause la révélation du grand manitou. Il y a de la suspicion dans l'air En coulisses, les joueurs se disent pourtant écœurés que la direction tente de chercher des boucs émissaires pour justifier le début chaotique de l'équipe. L'un d'entre eux niera même cette “félonie”, préférant évoquer la mauvaise préparation de l'équipe à l'intersaison et le changement de domiciliation qui permet aux adversaires de jouer à l'aise “sur nos propres bases”. La neutralité du stade de Bouira et l'absence du public béjaoui (ils n'étaient environ que 1 000 à se déplacer vendredi soir à Bouira), sont avancées pour expliquer la mauvaise passe. Pour d'autres, en revanche, le club n'a pas su se renforcer qualitativement sur le plan de l'effectif à l'intersaison. Bref, les spéculations vont bon train dans la maison très opaque de la JSMB. Réputé pour être un homme très influent en son sein, le secrétaire général du club, M. Redjradj, a préféré se retirer sans faire trop de bruit. “Après le faux pas contre le MSP Batna ici à Bouira, j'ai préféré remettre ma démission. Je sentais déjà qu'il y avait trop de tension autour du club. Cela fait 16 ans que je travaille à la JSMB, je n'ai jamais vécu de pareille situation”, nous confiera-t-il sur un ton amer. Pour le moment, sa démission est refusée, mais Redjradj, lui, a du mal à revenir. “on verra bien après le Ramadhan, mais je suis très triste pour la JSMB, l'équipe doit se ressaisir vite”, ajoutera-t-il. On se rappelle que juste après la fin de la rencontre contre le MSPB, Redjradj avait fustigé les choix tactiques de Jean-Yves Chay, ce qui explique certainement son retrait. Entre-temps, le technicien français est parti… Un nouvel entraîneur est annoncé pour les prochains jours. Menad, Belhout et Khezar sont pressentis. Mais aucune décision n'est prise, semble-t-il, pour le moment, surtout que les deux derniers techniciens nommés sont toujours en poste respectivement à l'ESS et au CABBA. Mais une chose est sûre : tout le monde s'accorde à dire qu'il faut rapidement nommer un coach pour tenter de faire redémarrer la machine béjaouie. Cela d'autant plus que le derby de la kabylie se profile déjà à l'horizon. C'est dans quinze jours contre la JSK. Un rendez-vous que les supporters de la JSMB appréhendent fortement. “ça va être difficile et capital pour nous, car soit l'équipe provoque le déclic, soit elle s'enfonce davantage. C'est en fait dangereux pour nous”, nous dira un supporter dépité. “Nous espérons juste que nous allons recevoir la JSMB à Béjaïa car à Bouira, il sera vraiment difficile dans l'état actuel des choses de vaincre la JSK”, poursuit-il. Ce fan indique, en outre, que beaucoup de supporters de la JSMB font défection “car Bouira n'est pas la porte à côté”. Au sein de la direction de la JSMB, on rassure que la réception de la JSK se fera au stade de l'unité magrébine. Entre-temps, un déplacement périlleux attend la JSMB à Annaba. La vallée de la Soummam croise les doigts ! Hamouche : “Notre problème est psychologique” Accosté à la fin de la rencontre, le coach intérimaire de la JSMB, Hamouche, a estimé à la fin de la partie que son équipe joue la peur au ventre, ce qui explique ses mauvaises prestations. “Le problème à la JSMB n'est pas tactique ou technique, mais il est purement psychologique. Nos joueurs sont atteints et jouent avec la peur de mal faire. Nous avons bien démarré la partie et marqué un but concrétisant notre domination en première mi-temps, mais il a suffi d'une erreur de concentration pour que le match balance de l'autre côté. Nous avons encaissé deux buts coup sur coup, c'est la preuve de notre fragilité et le manque de confiance. En seconde période, nous avons tenté de revenir dans le match, mais un troisième but assassin, survenu contre le courant du jeu, nous a coupé les jambes. C'est la loi du football. Maintenant, rien ne sert de se lamenter ou de crier à la crise, il faut se remettre au travail et tenter surtout de ressouder le groupe. Je pense que nous sommes encore au début de saison. Nous pouvons largement remédier à la situation et faire redémarrer la machine”, souligne-t-il. Hamouche a, en outre, réfuté les critiques contre son choix de faire jouer Hamlaoui dans l'axe de la défense, ce qui facilite la tâche à un attaquant au gabarit de Djemaouni, auteur des trois buts de l'USMB dont deux de la tête. “Vous savez, avec les absences en défense, je n'avais pas tellement de solution de rechange. C'était soit Hamlaoui soit le jeune Mebarki, j'ai fait mon choix, je l'assume. J'ai composé avec le groupe disponible sous la main et j'ai choisi les joueurs les plus en forme”, martèle-t-il.