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À la croisée des chemins
chronique du ramadhan
Publié dans Liberté le 14 - 09 - 2009

Le monde arabo-musulman décadent est à la croisée des chemins. L'urgence est de se garder des mouvements qui faussent les débats : les tenants de la tradition fermée et ceux du mimétisme du libéralisme sauvage. Nous sommes voués à nous interroger sur notre avenir, à dégager des voies d'affirmations neuves. Nous ne pourrons pas sans fin nous nourrir de l'héritage déformé des ancêtres et subir les contradictions de notre temps. La question est d'abord politique et non point religieuse. Les limites excessives apportées à la liberté d'expression et au champ politique favorisent les extrémismes. Si l'indignation n'est pas constructive, on rate l'invention du futur. L'édification d'un Etat de droit, la formation d'un citoyen cultivé et la coexistence de sensibilités différentes sont une tâche commune. La libération des territoires a eu lieu, mais la colonisation des esprits, par un mauvais Occident et un mauvais Orient, persiste. Dans le monde contemporain, malgré des progrès prodigieux, les déceptions sont grandes et les impasses flagrantes. Trop d'inégalités, d'injustices et de misères dominent, aggravées par des formes de déshumanisation. Des courants extrémistes s'opposent. Il y a des pratiques religieuses sectaires et rétrogrades, des laïcités tyranniques, des athéismes dogmatiques qui prolifèrent dans le Marché Monde. La possibilité de la démocratie, du développement et de l'identité ouverte est remise en cause. La logique de la prédation et le culte du veau d'or dominent.
Dans les rapports avec la dure réalité, il n'y a pas de solution et d'avenir sans l'acte de prendre la parole, d'interroger et d'interpréter pour sortir des impasses de l'autoritarisme, de l'oubli de l'origine et de l'imitation aveugle.
Les intellectuels ont pour souci de favoriser la conscience collective nationale et universelle, les conditions de la pensée critique et sereine qui libère. Conditionnés par la logique sauvage du marché et par la version idéologique de la religion, des citoyens bricolent une identité hybride. Faute de participation à leur devenir, les citoyens cultivent le ressentiment à l'égard des pouvoirs et des étrangers complices.
Deux formes de marginalisation-démission des intellectuels musulmans fragilisent les sociétés. La première concerne le politique. Des intellectuels ont laissé le champ libre en ce qui concerne l'engagement au service de la chose publique et du lien social. La deuxième a trait à la religion, alors que sa fonction est sensible et fondamentale, elle est livrée à la surenchère. Si les intellectuels investissent ces dimensions en termes d'analyse et de réflexion, il y a des possibilités pour relever les défis. Faire reculer les mouvements de l'imposture qui brouillent le champ : celui de la fermeture obscurantiste et celui qui singe le modèle occidental.
Face aux questions religieuses, une élite liée au peuple et consciente des problématiques universelles, peut faire face aux courants fermés. Des musulmans passéistes projettent sur le passé une conception erronée, celle où le droit, le fiqh, serait imposé, rigidifié, s'enseignant à travers des canaux étroits. C'est une image déformée qui nourrit les mouvements fermés, trompent les masses au nom d'un savoir falsifié, étranger à l'héritage des sahâba et à l'esprit des textes. Les mouvements fermés sont obsédés par le fiqh, sans en connaître la place dans la hiérarchie du savoir islamique.
Face aux questions de la modernité, quelles soient culturelles ou politiques, il est urgent de discerner, d'ouvrir les nouvelles générations à un esprit vigilant. Il est temps de sortir du langage pédant et creux de certains des intellectuels déracinés qui usurpent le titre d'islamologue et se répandent cyniquement en donneurs de leçons.
Aujourd'hui, pour accorder authenticité et modernité, on doit se garder des deux extrémismes, celui obscurantiste et celui aliéné par le monde dominant. Il s'agit de faire jaillir la voie autre, qui prodigue le savoir et réalise la démocratie, en tenant compte des valeurs qui ont permis la civilisation musulmane. D'autant que, comme l'ont décrit René Guénon et Malek Bennabi, le monde occidental et le monde musulman, imbriqués, chacun à sa manière, sont en crise. L'essentiel réside dans la cohérence entre tradition primordiale et modernité inventive. Il reste à faire émerger des élites qui amènent les pouvoirs politiques à tenir compte de leurs questions et points de vue, à donner des significations au réel évolutif, notamment afin de réaliser une transmodernité. À quoi sert-il de penser si ce n'est pour contribuer à la cité juste et équilibrée ? Si durant des siècles, des musulmans ont été des savants fiers de leurs racines et ouverts sur le monde, pourquoi cela ne serait-il pas possible aujourd'hui ? De grands penseurs occidentaux comme Hegel, Goethe, Berque, ont reconnu l'influence que le modèle de l'homme universel, le Prophète, a pendant des siècles indirectement exercé sur l'Europe, comme élément décisif dans la renaissance et la culture. Tout comme de grands savants musulmans, d'Ibn Khaldoun à l'Emir Abdelkader, ont reconnu les influences des pensées grecque et européenne sur la culture arabe. Cette double reconnaissance n'est pas assez connue. Avec le développement des postulats scientistes et positivistes, comme celle d'Ernest Renan, qui a écrit en 1855 que “les sémites n'ont pas d'idées à eux”, la désinformation a inculqué l'idée fausse que l'esprit scientifique universel n'a pas été transmis au monde européen moderne par les Arabes.
Cela occulte le fait que le monde islamique a été un chaînon décisif. Certes, tout le savoir européen ne dépendait pas des Arabes et du souffle que le Prophète a insufflé au monde. Mais des penseurs ont compris la dialectique qui lie l'Occident et l'Orient, qui a fécondé les sciences modernes. Cela devrait donner à réfléchir à ceux qui confisquent la “raison” et réduisent l'influence des musulmans, et aux “musulmans” de notre temps qui craignent son libre exercice. Les mondes occidental et musulman ont besoin l'un de l'autre. Nul ne peut, seul, faire face aux incertitudes et à la complexité. Dans le Coran, le mot raison est cité 45 fois. La révélation réactive la réflexion, responsabilise et affirme que le savoir est le moteur de l'histoire : “Sont-t-ils semblables ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ?”. Il n'est pas trop tard pour sortir du cycle de l'immobilisme pour les uns et du mimétisme pour les autres. La solution : redonner la parole au peuple et à ses élites.
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* professeur des universités
www.mustapha-cherif.net


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