La sclérose en plaque touche 2,5 millions de personnes dans le monde. Son taux de prévalance est particulièrement important dans les pays méditerranéens. Environ 10 000 cas sont recensés en Algérie. Si aucun traitement radical n'est encore découvert, la progression de la maladie peut être freinée si elle est dépistée hâtivement, grâce aux nouvelles thérapeutiques. Les neurologues européens insistent sur le traitement précoce. “Nous avons besoin des médias pour mieux faire connaître la sclérose en plaque et mieux la combattre.” C'est le mot de la fin du Dr Mar Tintoré, neurologue espagnole, à la conférence de presse internationale organisée jeudi dernier au centre des congrès de Düsseldorf — en marge des travaux du 25e congrès du comité européen pour le traitement et la recherche en sclérose en plaques, Ectrims — par le laboratoire pharmaceutique allemand Bayer Schering Pharma, au profit d'une soixantaine de journalistes venus de France, des Etats-Unis, d'Italie, de Slovaquie, d'Algérie, de Russie... et bien sûr issus du pays hôte. Ses confrères, l'Italien Giancarlo Cami, l'Allemand Ludger Heeck et l'Américain Karl Gross, l'ont confortée dans ses convictions. Tous ces spécialistes dans la recherche et le traitement de la sclérose en plaque ont insisté sur la nécessité de commencer le traitement tôt afin de pouvoir freiner l'évolution de la maladie, pour laquelle aucun remède n'a été trouvé jusqu'alors. “La maladie est chronique quand elle devient dévastatrice. Elle se distingue des autres pathologies neurologiques par le fait qu'elle n'est pas curable, mais elle peut être stoppée si elle est prise en charge à temps”, a expliqué le Pr Giancarlo Cami. Il a fait un exposé sommaire sur la sclérose en plaque, qui touche environ 2,5 millions de personnes dans le monde et plus particulièrement les Européens. Uniquement en Allemagne, entre 120 000 et 130 000 malades sont recensés. Jusqu'à l'heure actuelle, aucune recherche scientifique n'a réussi à déterminer les causes de l'affection. On sait néanmoins que c'est une maladie auto-immune, c'est-à-dire que le système immunitaire attaque, sans raison déterminée, la myéline et la détruit et entraîne par conséquent des lésions dans le système nerveux central et la mœlle épinière. Elle affecte davantage les femmes que les hommes (la proportion est quasiment de deux pour un) et survient généralement aux alentours de la trentaine. Pr Cami, qui fait une étude sur l'histoire naturelle des patients mis sous les nouvelles thérapeutiques, dont l'interférent Beta-b-1 (Betaferon), a noté que le traitement précoce réduit de 37% la progression de la maladie sur une période de cinq ans. Il a souligné, néanmoins, qu'il n'est pas toujours aisé de diagnostiquer, de manière catégorique, la sclérose en plaque à cause des symptômes cachés. C'est justement dans cette voie que Dr Mar Tintoré, neurologue exerçant à l'hôpital de Barcelone, a orienté ses travaux. La fatigue structurelle, la dépression et les difficultés cognitives en sont les principaux éléments. Elle a affirmé qu'il est difficile de relier ces trois symptômes à la sclérose en plaque, tant ils sont associés à d'autres troubles bénins ou importants. Il n'en demeure pas moins qu'elle a avancé que 75 à 95% des personnes, ayant subi un premier épisode clinique évocateur de la maladie, souffrent d'une fatigue structurelle, 25% d'entre elles de dépression étalée sur au moins 12 mois, 45% des fonctions cognitives sont perdues irrémédiablement dès le début de la maladie. Dr Mar Tintoré a soutenu que 69% des personnes avec SEP sont contraintes d'abandonner une activité professionnelle au bout de 4 ans. “Le traitement précoce avec le Betaferon signifie la préservation des fonctions cognitives beaucoup plus longtemps”, a-t-elle affirmé. Elle est corroborée dans son exposé par Dr Karl Gross, un neurologue américain atteint de la sclérose en plaque depuis 1999. Son témoignage, sous la double casquette de praticien et de malade, s'est avéré particulièrement édifiant. Ses soupçons sur la maladie ont été confirmés par un confrère neurologue. “Au début, je n'étais pas très optimiste sur ma situation. Mais, pour moi, la question de commencer le traitement tôt ou tard ne se posait pas.” Immédiatement après l'établissement du diagnostic, il a été mis sous thérapeutique. Dix ans après, il se félicite d'avoir pu ralentir considérablement la progression du mal. Il lui a consenti néanmoins quelques sacrifices. “Le jour où j'ai arrêté de pratiquer la médecine, j'ai senti que tout le dur travail que j'ai fait et même ma propre personne disparaissaient.” Il a trouvé pourtant une certaine sublimation à exploiter sa formation de neurologue dans ses participations aux rencontres didactiques ou médicales sur la sclérose en plaque. Dr Ludger Heeck, manager de l'unité européenne de neurologie et hématologie de Bayer Schering Pharma, a présenté un bilan sur l'utilisation de l'interférent Beta-1-b (Betaferon), quelques années après son homologation. Selon le conférencier, l'expérience a montré une réduction de 50% de rechute chez les patients atteints de SEP précoce, après une année de leur mise sous ce traitement. Il semblerait, en outre, que le Betaferon jouerait un rôle dans la protection des tissus du cerveau et induirait moins d'effets secondaires. Cet interférent devra recevoir bientôt une autorisation de mise sur le marché algérien.