L'anarchie s'est-elle installée dans les mœurs à Annaba ? Tout porte à le croire, si l'on se réfère à la situation catastrophique et incontrôlable qui prévaut depuis le début du mois de Ramadhan. Une situation qui semble être épidémique puisqu'elle concerne aussi bien les chefs-lieux de commune que le centre-ville même de la Coquette. Plus grave aujourd'hui, devant le laisser-aller et le laisser-faire, on parle carrément de containers qui envahissent les chaussées de la cité… “Aujourd'hui plus que jamais, Annaba n'est plus que l'ombre d'elle-même, victime de ses habitants et de ceux qui ont la charge de l'entretenir et de veiller sur elle. La Coquette s'enlaidit chaque jour un peu plus”. Ce constat amer est partagé aussi bien par les Annabis de souche que par ceux que la cité de belle dormante aux pieds de l'Edough a adoptés au fil des ans et des décennies. Dans le centre-ville de Annaba, à la place de Sidi Brahim ou encore en face du marché El-Hattab, les chaussées ne sont plus du domaine de la réglementation. Dans les rues, fort agitées, beaucoup d'automobilistes ne peuvent garer leur véhicule et sont, de facto, chassés par des vendeurs “confortablement” installés sur les trottoirs, voire même sur une partie de la chaussée. Des squatteurs qui proposent des produits en tout genre et qui conviennent à toutes les bourses. En réalité, ce no man's land résulte des containers déversés le long des rues de la ville. Aujourd'hui, cette immense braderie à ciel ouvert a submergé la ville qui semble frappée par un tsunami, tant les produits étalés, habillements, articles ménagers et produits cosmétiques inondent ce marché informel qui impose ses règles et ses attitudes. Les quartiers commerçants de la cité ne diffèrent en rien du souk “essouadine” de Gatr El-Oued de Tamanrasset et qui plus est, il n'est nullement besoin de se rendre à la omra ou au pèlerinage, pour ramener des cadeaux que les containers rapportent aujourd'hui à profusion pour atteindre le stade de l'overdose. Ces produits achalandés font certes le bonheur des petites bourses, mais montrent combien notre production nationale est aujourd'hui définitivement écartée du circuit commercial. Il ne faut plus aller à la recherche d'une chemise Redman ou Chréa, ni demeurer indécis à l'intérieur d'un magasin Sonipec. Mais, c'est surtout les commerçants légaux qui paient les pots cassés, comme on dit. Ils étaient placés carrément par ses vendeurs occasionnels “sous embargo”, tant le trottoir d'en face est totalement squatté. Et attention à ceux parmi ces commerçants qui osent protester… Les containers charrient aujourd'hui les fameux chiffons qui ont fait la renommée de Tati, un certain moment. Des effets vestimentaires, à la vaisselle, aux détergents et flacons de parfums et d'aérosol, tout est étalé à même le sol. Pour beaucoup de citoyens, cet envahissement de la chaussée par des jeunes promus occasionnellement vendeurs d'étalages ou des exposants occasionnels, débarqués de toutes les wilayas de l'Est du pays, n'est pas un fait fortuit. Il est engendré par l'absence totale des pouvoirs publics. En fin de journée, il suffit de faire un tour à travers les quartiers des “containers” pour constater l'ampleur des cartons et sachets qui jonchent les rues donnant du fil à retordre aux agents de la voirie. B. BADIS