Il est sans doute peu connu du grand public. Pourtant, Samy Syphax a bourlingué avec sa guitare en sévissant dans les milieux artistiques parisiens depuis une trentaine d'années. Il est le fondateur du mythique groupe Syphax des années 1970. Un groupe de musique moderne qui n'a pas fait long feu, malheureusement. Il était connu par son titre évocateur 1957, notamment. Un album de neuf titres enregistré chez Motobécane, quelques galas à Alger, Tizi Ouzou et Paris et puis, c'est tout. La tournée que Syphax avait entamée en 1978 en Algérie était tout simplement fabuleuse, une réussite pour ce groupe qui a contribué, avec d'autres chanteurs, à universaliser la musique kabyle sortie désormais de son ghetto. Le groupe, une mode à l'époque, a été créé de manière fortuite ; une rencontre amicale avec trois copains à Paris, en 1976, donnera naissance à un groupe qui portera la pop music kabyle dans le firmament du ciel parisien. Le quatuor qui constituait le groupe a décidé d'arrêter brusquement l'aventure artistique avec sans doute un pincement au coeur. D'autres priorités étaient nées. La World Music venait de perdre un meilleur avocat sur la scène internationale. Mais visiblement Samy ne voulait pas arrêter la fabuleuse aventure artistique. C'est pourquoi l'enfant de Tizi Ouzou est resté toujours dans le bain de la chanson en participant aux thés dansants des salons parisiens, une mode très enracinée à l'époque. Tout en continuant son travail dans l'aviation, Samy n'a pas cessé de composer, au point de constituer un formidable répertoire rangé dans quelque tiroir chez lui. Ses productions sont systématiquement enregistrées au niveau de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem). Son public, qui fréquente ces thés dansants, l'a poussé à renouer avec la production. Il reprend alors le chemin des studios. Avec des musiques plus actuelles, telles que le funk et le blues, Samy “accouche” d'un nouvel album de huit titres interprétés dans les deux langues en français et en tamazight. Tizi Ouzou, Temzi-w (ma jeunesse), J'ai crié ton nom dans la nuit, J'aimerais revoir mon pays, sont autant de textes à la charge nostalgique avérée. L'album qui est fin prêt sortira, selon son auteur, d'ici la fin de l'année. S'il a repris le “maquis” musical, c'est qu'il a dû constater que la chanson kabyle a régressé ; elle a connu une descente aux enfers. Pour Samy, la chanson kabyle fait preuve d'un immobilisme récurrent. Cela est dû, explique-t-il, à un manque de convictions et d'inspiration des interprètes et autres compositeurs. Trois décennies après, Samy Syphax nous revient avec des rythmes modernes et une thématique variée.