Dépêchés par le secrétaire d'Etat US à la Défense, Donald Rumsfeld, cinq experts américains ont remis, à l'issue d'un séjour d'une dizaine de jours en Irak, un rapport sur la situation sécuritaire prévalant dans ce pays. Ils recommandent des mesures d'urgence pour éviter le chaos. Un mandat de l'ONU est envisagé par Washington. Face à la pression née de la détérioration des conditions sécuritaires en Irak, l'administration Bush a ordonné une enquête sur les lieux pour être bien fixée sur la situation. Cinq experts militaires américains ont séjourné, du 27 juin au 7 juillet, au pays de Saddam Hussein. Leur compte rendu n'a fait qu'augmenter l'inquiétude du chef de la Maison-Blanche. Il en ressort que le danger est bel et bien réel, au point où il nécessite des mesures rapides pour endiguer l'insécurité, qui fait des morts et des blessés quasi-quotidiennement parmi les forces US. Ainsi, la pauvreté, le chômage, le comportement parfois provocateur des soldats américains et l'absence de l'Etat sont des facteurs favorisant le fléau d'insécurité. Il y a lieu de rajouter les derniers messages sonores de l'ex-maître de Bagdad appelant à la résistance, qui accroissent le sentiment d'hostilité quant à la présence des forces coalisées en Irak. Ce rapport a été approuvé par le Pentagone, dont le numéro trois, Douglas Feith, s'est félicité en le qualifiant de “professionnel et incisif sur les conditions en Irak”. Devant cet état de fait, il est recommandé de prendre des dispositions dans les deux ou trois mois à venir pour éviter le pire. La première recommandation consiste à impliquer rapidement les Nations unies dans l'opération afin de lui donner un caractère de légalité vis-à-vis de la communauté internationale et des Irakiens en particulier, et surtout d'ouvrir la voie à certains pays d'intégrer les forces chargées de la stabilisation. En effet, l'Allemagne, la Russie et la France, à titre d'exemple, exigent que l'ONU prenne en charge la reconstruction de l'Irak pour envoyer leurs soldats sur place et participer au rétablissement de la sécurité dans ce pays au bord du chaos. Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, recommande dans dernier rapport sur l'Irak un rapide transfert de souveraineté aux Irakiens. “Il y a un besoin urgent d'établir une séquence claire et spécifique d'événements conduisant à la fin de l'occupation militaire”, écrit Annan, qui ajoute plus loin : “Il est nécessaire de faire en sorte que les Irakiens s'approprient le processus politique.” Le document de vingt-deux pages du secrétaire général de l'ONU met l'accent sur le manque de sécurité en Irak. Selon Kofi Annan, “les conditions de vie quotidiennes, au moins pour les Irakiens vivant dans les zones urbaines, ne se sont pas améliorées et pourraient même être pires”. Il faut admettre que le rapport du SG des Nations unies et celui des cinq experts américains se rejoignent sur un certain nombre de points et confirment l'insécurité régnant en Irak. Cela explique les propos “mielleux” du Premier ministre britannique en direction des pays qui se sont opposés à la guerre contre l'Irak. Blair leur lance un appel à peine voilé pour envoyer des forces en Irak et ce, pour contribuer à rétablir la sécurité. Bush lui emboîte le pas, pour satisfaire l'exigence de ce pays de voir l'opération sous l'égide de l'ONU, en envisageant cette éventualité. D'après le département d'Etat, des discussions préliminaires sont en cours pour amender la résolution 1483 du Conseil de sécurité, qui encourage les Etats à participer au maintien de la paix en Irak. C'est là un changement radical dans la politique irakienne des Etats-Unis, qui augure d'une nouvelle gestion de cette crise. K. A.