Résumé : Nawel se voit forcée d'envoyer un message à Assia. Elle la menace, prête à tout, pour qu'elle sorte de la vie de son fils. Dans sa boîte mail, un message ne lui est pas destiné. Elle prévient l'expéditeur. L'occasion de connaître B. Chabane. Elle discute avec lui. Elle a besoin d'oublier les déceptions de la journée… 10eme partie “J'avais presque trente ans. J'étais loin d'être un fils modèle. Je passais le plus clair de mon temps à traîner dans les bras et aux bras de filles de joie. Je n'écoutais plus mes parents ni mes amis. En fait, mes amis étaient ceux qui voulaient bien m'offrir une bière ou deux, les jours où j'étais fauché. Il m'arrivait de ne pas rentrer à la maison pendant des jours.” - Vous êtes toujours alcoolique ? demande Nawel. - Non. Et B. Chabane se met à lui raconter : - Un jour, alors que je faisais une sieste, il m'a semblé avoir été piqué. Je m'étais réveillé en sursaut et je cherchais sur mon lit ce qui pouvait bien m'avoir piqué. Il n'y avait rien. Ni sur le lit ni sur le sol. Je m'étais levé et j'ai secouais le drap. Rien… Je regardais mon épaule où j'avais été piqué, et là, j'ai vu quelque chose d'incroyable. Il était écrit Mohamed. Je frottais fort et le nom du Prophète était toujours là. Je m'assurais que je ne rêvais pas. Pris d'un tremblement nerveux, je mettais ma chemise et courrais trouver mes parents pour leur montrer. J'étais en sueur et tremblant comme un enfant. Ma mère avait regardé, mon père aussi. - Tu n'as rien, m'avaient-ils dit. Je regardais à mon tour et je n'en revenais pas. Il n'y avait plus rien sur mon épaule. - Je vous jure qu'il y avait quelque chose d'écrit ! - Moi, je ne vois rien, avait dit ma mère, avant d'ajouter sûrement que tu es encore ivre ! Tu me fais honte… - Va prendre du café ! Mais je n'en voulais pas. J'étais bien réveillé et je m'étais remis de la cuite de la veille. Je n'avais pas halluciné. Je ne l'avais pas imaginé cette douleur. Je l'avais ressentie dans ma chair, si profondément que j'avais cru être piqué par un serpent. Mais mes parents n'étaient pas disposés à me croire. Moi, au fond, la peur était encore là. J'en tremblais. Pour la première fois de ma vie, j'avais peur. En travaillant comme videur, j'avais souvent été confronté aux bagarres. J'avais parfois usé de la force, pour que certains clients s'acquittent de leurs dettes. Plus d'une fois, j'avais pris des coups, mais jamais je n'avais ressenti cette douleur. Le nom du Prophète écrit sur mon épaule m'avait perturbé. Je n'étais pas superstitieux. Mais le souvenir me donne encore la chair de poule… A. K. (À suivre)