Comme chaque Ramadhan, la bourse de la mésestime mutuelle des Algériens s'affole avec une courbe ascendante. L'indice violence en tous genres enfle considérablement que même les services de sécurité n'arrivent plus à contenir “les mauvaises attitudes” de la rue. Bagarres quotidiennes injustifiables, rixes, taux crus de vols, agressions physiques et verbales, accidents de la circulation… Le futile s'érige en cette période grand motif qui fait perdre tout self-control. Depuis le premier jour du jeûne, le degré de nervosité des Algériens atteint son paroxysme pour s'exprimer, dans tous les cas, par des actes répréhensibles, la déraison, dans tout espace devenant “naturellement” un réceptacle de haines nouvelles et inexplicables. Dans la rue, n'importe qui peut être agressé ou insulté pour n'importe quel motif, les vols à la tire dans les marchés se sont multipliés, les accidents de la circulation à cause de la somnolence, une manœuvre gênante, le stress de l'embouteillage finissent dans le sang, le drame. Les exemples sont légion, la presse en fait un décompte quotidien. Le pire est que cette année, le niveau de violence a augmenté en intensité et en moyens. Coups de couteau, de hache et utilisation d'armes à feu. Alors que les accidents de la circulation ont fauché depuis le début du Ramadhan presque 200 vies humaines. Les services de sécurité, la police particulièrement pour sa proximité, semblent incapables de remédier à cette situation. Le contrôle des véhicules au niveau des barrages et par les brigades mobiles semble plutôt efficace. D'ailleurs, les éléments de la police remarquent le moindre détail. Particulièrement les transports de voyageurs. Ce qui n'est pas le cas dans les marchés où les voleurs ne se contentent plus de la petite bourse de la vieille ménagère ; ils vont jusqu'à subtiliser des paniers pleins. Et quand les policiers en faction interviennent, il est déjà trop tard. Paradoxalement, ils sont appelés dans certains quartiers à jouer à la DCP, contrôle de la qualité et des prix, suppléant ainsi l'absence des services du commerce. Une sorte de “police à tout faire” sur un terrain sans concession ni pardon en ce mois de piété, de solidarité et de pardon. Que fait la police ? Elle est éparpillée dans la surcharge de missions et la généralisation des comportements négatifs (qualificatifs utilisés par les religieux) à combattre. La note positive revient aux agents affectés au dispositif contre le terrorisme. Ils ont fait preuve d'une grande efficacité en déjouant les tentatives d'infiltration de terroristes dans la capitale pour y commettre des attentats spectaculaires en ciblant des institutions ou des sites stratégiques. Selon certaines informations, trois terroristes ont été arrêtés avant qu'ils ne passent à l'action. Heureusement que cela ne dure qu'un mois. Un mois qui étale l'exception algérienne dans le monde musulman ; surtout un mois où l'Algérien “normal” subit une double épreuve, celle du jeûne et celle de ses concitoyens qui poussent à ses limites le baromètre de la violence et de l'intolérance. Heureusement que passé le cap de ce mois sacré, on revient à la “violence ordinaire”, algérienne, tolérée et assumée, ponctuée, le reste de l'année, par les billets d'écrou et les grâces présidentielles. Et l'on rentre dans cette normalité algérienne faite de “complaisance avec le moindre mal” qui amène le citoyen à subir en silence, ou à accepter malgré lui, une clochardisation de sa ville, de sa vie…