La mercuriale s'affole, prenant de court les ménages qui ne peuvent plus suivre la tendance ascendante tracée. Les marchés des fruits et légumes sont devenus un espace de tous les supplices pour les pères de famille qui en ressortent la bourse bien déliée et les soucis encore plus importants. Cette situation, longtemps décriée par l'Algérien lambda, ne cesse d'inquiéter, en dépit des assurances qui lui sont toujours servies par des services du ministère du Commerce et de ceux de l'Agriculture. Les prix ne baisseront pas, la tension des familles aussi. Quelles que soient les rentrées d'argent des « pauvres bougres », le constat est toujours le même, affolant : une impuissance devant un marché qui phagocyte la maigre paye de l'Algérien toujours « sollicité », mais jamais ses appels pris en compte. A la place de réels changements, c'est des justifications qu'on sert à chaque fois au consommateur. Il n'y pas si longtemps, un sous-directeur du ministère de l'Agriculture, s'exprimant sur les ondes d'une chaîne de la Radio nationale, dira que les prix en hausse s'expliquent par la difficulté qu'ont les agriculteurs de ramasser leur récolte, en raison de l'envasement des terres. Pour ce commis de l'Etat, ce sont toute la chaîne qui en ressent les coups. De l'agriculteur au transporteur, et en fin de parcours le consommateur qui achète chez son commerçant du coin, un produit pas toujours de bonne qualité. Un « responsable » au ministère de l'Agriculture qui parle des caprice du temps et de dame nature, dont il est impossible de « dompter » les désirs, ne peut que laisser sans réaction les grands analystes. Les commerçants, surtout ceux des marchés de détail, « entrent dans le jeu » et s'en prennent, pour leur part, aux grossistes qui eux-mêmes accusent les « spéculateurs » dont on ne trouve pas trace. Mais dans ces calculs, c'est le citoyen qui reçoit des coups bien assénés. Aux fluctuations du moins de Ramadhan, succèdent l'hiver et ses caprices.