Le Ramadhan aura été quelque peu pénible cette année. La consommation a connu un pic pendant la première quinzaine avant de connaître un mouvement vers la baisse. Il faut dire que le citoyen algérien, confronté à la cherté de la vie, a dû souvent puiser dans ses maigres économies ou recourir à l'emprunt. Comme chaque année à cette occasion, les vendeurs à la sauvette et les trabendistes ont eu pignon sur rue. Les vendeurs illicites de zalabia et qalb ellouz ont fait la loi. En dépit du renforcement des contrôles, les services du ministère du Commerce ont été dépassés. A l'approche de l'Aïd, changement de décors, mais pas de business : aux abords des marchés et des rues commerçantes, c'est une autre marchandise qu'on propose aux passants : les habits et les jouets pour enfants. Encore une autre saignée pour les parents qui ne leur refusent rien. Influencés par la publicité et la mode, ils veulent des vêtements qui vont les mettre à la page en portant le dernier cri... Ils réclament la marque, la « griffa », comme ils l'appellent entre eux. Ramadhan a été aussi le mois des records de la mauvaise humeur et des bagarres qui se déclenchent prétextant le jeûne. L'insécurité s'est aggravée. Les pickpockets se glissent dans la foule et volent le contenu des sacs à main des femmes. Le vol des téléphones portables s'est intensifié. Malgré toutes les précautions, les voleurs profitent du moindre moment d'inattention pour passer à l'action. En fonctionnement, le mobile GSM émet deux identifications : le numéro d'abonné et le numéro de série de l'appareil lui-même (IMEI : International Mobile Equipement Identity). Lors de la déclaration de vol, la victime, ignorant le second, ne communique à la police que le premier numéro, et dans ce cas, il est difficile de retrouver le combiné ou même le bloquer. Ramadhan a permis néanmoins de profiter des longues veillées à discuter entre amis ou proches ou d'aller écouter des concerts de chaâbi, hawzi et kabyle qui réveillent en nous la nostalgie des temps bénis. Les plus jeunes préfèrent le raï où les chebs autoproclamés chantent l'amour décliné sur tous les tons, les rêves brisés et l'aspiration à un cadre de vie meilleur. D'autres jeunes se sont adonnés à d'interminables parties de dominos ou de cartes. Après un mois de jeûne, les Algériens retrouveront progressivement leurs habitudes alimentaires, leur cigarette et leur tasse de café matinale. Très peu tireront des enseignements de ce mois pourtant si propice à la réflexion et au dépassement de soi.