L'importation à l'épreuve de la décantation En vue de freiner le transfert illicite de devises, les fausses domiciliations bancaires, l'évasion fiscale et la contrefaçon, le gouvernement a arrêté une panoplie de mesures à travers une série de dispositions contenues dans la loi de finances complémentaire 2009, à même, en principe, de gêner sérieusement les barons de l'import-import, du moins d'assainir la filière importation. Ces décisions hardies, soulignons-le, méritent d'être encouragées. Elles entrent en droite ligne avec les promesses électorales du président Bouteflika. Mais la question est de savoir si elles sont suffisantes. Car il s'agit d'éradiquer les courants de fraude, professionnaliser le négoce, livré depuis l'ouverture du commerce extérieur en 1995 à la rapine et à la prédation. Ce qui est loin d'être une sinécure. Dans la foulée, si on veut que ces mesures atteignent leur pleine efficacité, la lutte contre la corruption, ce mal qui ronge les ports algériens et qui est à l'origine de la perméabilité de nos frontières aux marchandises non conformes et aux produits contrefaits, reste incontournable. Sur ce registre, n'oublions pas que les agents de contrôle les plus incorruptibles dont dispose l'Algérie n'ont pas actuellement la protection suffisante de l'état face à la capacité de nuisance des fraudeurs qui vont jusqu'à transformer nos tribunaux en espaces de détournement des décisions de justice. Telle est la triste réalité algérienne. N'oublions pas également que ces mesures coercitives ont un prix. L'institution du crédit documentaire comme unique moyen de paiement, s'il sécurise la transaction et assure la traçabilité des opérations, entraîne un surcoût important représenté par les commissions versées en devises aux banques étrangères à chaque transfert de la contrepartie dinars. Et ce, sans tenir compte des frais supplémentaires engendrés par le long séjour des navires dans les ports, soit à quai, soit en rade, en raison de l'obligation de transfert d'argent après dédouanement des marchandises. Les banques locales risquent également de devenir celles de l'import-import, à travers l'opportunité du crédit documentaire. Enfin, toutes ces mesures à connotation protectionniste, notons-le, ont été arrêtées dans un contexte de crise financière mondiale dont les effets sur l'Algérie ont été sensibles à travers la baisse de 50% de nos exportations face à une envolée importante de nos importations. Une véritable menace à l'équilibre de la balance des paiements. Cette situation a fait réagir le gouvernement. Mais la question de la nécessaire diversification de notre économie nationale reste pendante. Certains observateurs parlent de pause dans les réformes. D'autres de divergences dans la conduite de la politique économique. Résultat : la stratégie industrielle attend, depuis plus de deux ans, sa remise sur les rails, les réunions du Conseil des participations de l'état ne se tiennent plus à des fréquences à même d'imprimer un nouveau souffle à la dynamique des investissements. Ceci n'est certainement pas un signal de relance de la machine économique vers le développement durable de l'Algérie et surtout pas vers l'amélioration des conditions de vie de la population. K. R. LIRE TOUT LE DOSSIER EN CLIQUAND ICI