Plus de 600 personnes de la localité de Boudhar, dans la commune de Si-Mustapha, ont barré hier la RN24D reliant Si-Mustapha à Zemmouri pour exiger des autorités locales l'implantation d'une structure de la police ou de la gendarmerie et l'amélioration de leurs conditions de vie. La route est restée bloquée toute la journée, et les automobilistes étaient obligés d'emprunter d'autres chemins détournés pour rejoindre leur destination. Jusqu'à hier soir, des blocs de pierre et des troncs d'arbres jonchaient toujours la chaussée, alors qu'au même moment, une réunion pour débloquer la situation se tenait au siège de l'APC de Si-Mustapha. Les citoyens, qui avaient, pour rappel, capturé l'“émir” Daoud alias B. Azzedine, et mené à plusieurs reprises la chasse aux autres terroristes, affirment ne pas se sentir en sécurité. “Nous n'avons pas peur des terroristes que nous n'avons jamais cessé de combattre, mais nous avons peur pour nos femmes et nos enfants”, martèlent des jeunes de cette cité de 3 000 habitants, située au contrebas des maquis de Boudhar, fief de katibat El-Arkam. Les protestataires justifient leur action par l'insécurité qui règne dans leur village de jour comme de nuit. “Des terroristes continuent à se balader en pleine journée dans la région et narguent la population”, indiquent les citoyens qui exigent des responsables la mise en place d'une antenne de la BMPJ ou d'une brigade de gendarmerie ou alors, à défaut, d'une caserne militaire provisoire, précisent-ils. “Nous n'avons pas peur de ces terroristes que nous connaissons et que nous continuerons à combattre, mais nos enfants et nos femmes sont menacés”, indique Ahmed, chauffeur dans une entreprise nationale. En plus d'une structure sécuritaire, les citoyens demandent le raccordement de leur village au gaz naturel, la mise en place de l'éclairage public ainsi que l'extension de l'école primaire. Joint par téléphone, le maire de Si-Mustapha a confirmé la plate-forme de revendications présentée par les citoyens et nous a indiqué que “des discussions sont toujours en cours avec une délégation de villageois pour trouver une solution aux problèmes posés”. La sortie des citoyens de Si-Mustapha et le courage qu'ils affichent face au terrorisme renseignent un peu mieux sur le fossé qui sépare désormais la population et les islamistes armés. Le terrorisme n'a plus de soubassement au sein de la population. Bien au contraire, les terroristes sont méprisés, rejetés, voire combattus comme dans ce village de Boudhar qui a longtemps constitué une base arrière aux groupes de Droukdel.