Une fois n'est pas coutume. L'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) de Tizi Ouzou s'est fendue d'une longue déclaration dans laquelle elle a décidé de dire ses quatre vérités. C'est à l'issue de la réunion de la commission exécutive de l'union de wilaya que ce pamphlet au vitriol a été rendu public par l'UGTA, dont le coup de sang semble justifié par l'état des lieux du secteur socioéconomique. Inquiet par le sous-développement socioéconomique qui frappe la région, l'ex-syndicat unique constate amèrement que la wilaya de Tizi Ouzou connaît toujours la montée spectaculaire du chômage, l'absence d'une réelle politique d'emploi et l'inexistence d'un programme d'investissement sérieux. En outre, la “situation chaotique” qui affecte certaines entreprises, notamment la Cotonnière de Tizi Ouzou (CTO) et la briqueterie d'Irdjen, n'est pas faite pour arranger les choses, selon les syndicalistes de l'UGTA. Ces derniers regrettent “le désengagement complice des pouvoirs publics de la promotion du dialogue social”, un dialogue que l'UGTA considère comme élément essentiel d'assainissement des rapports sociaux et comme moyen privilégié pour la prévention de foyers de tension. Abordant la situation qui prévaut dans la Fonction publique, l'union de wilaya de Tizi Ouzou déplore le retard et la complexité qui caractérisent le traitement des situations administratives, sociales et professionnelles des fonctionnaires. Elle dénonce, ce faisant, “le diktat de l'administration rongée par la bureaucratie et le déni de droit.” Dans le même sillage, l'UGTA considère que “la promulgation du régime indemnitaire, qui reste tributaire de la finalisation des statuts particuliers, sonne comme une atteinte à la patience des fonctionnaires.” L'ambiguë ordonnance 03-06, portant statut général de la Fonction publique, tend à précariser davantage l'emploi, estime l'UGTA dans son document. La lenteur et le rythme des travaux dans certains chantiers inquiètent sérieusement les syndicalistes qui s'interrogent à juste titre sur la finalisation et le lancement de certains projets, comme le nouveau stade de 50 000 places et le barrage hydraulique de Tlata. Au sujet de la gestion du FNPOS, un fonds qui est l'émanation des cotisations des travailleurs, l'organisation de M. Ramdani la qualifie de désastreuse. “C'est une situation de non-gestion”, dénonce sans ambages l'UGTA. Celle-ci se veut explicite : “Une opacité totale teintée de doute et d'appréhension entoure l'avenir des programmes inscrits en faveur des travailleurs de notre wilaya devant le silence assassin de son conseil d'administration.” Elle en veut pour preuve le maigre quota de logements affecté à la wilaya de Tizi Ouzou, dont la liste des bénéficiaires, finalisée pourtant depuis 2005, n'a pas connu d'attributions à ce jour. Sur un autre registre, l'UGTA conditionne toute augmentation du SNMG à l'abrogation du controversé article 87 bis de la loi 90-11. Faute de quoi, prévient le syndicat, une éventuelle augmentation du SMIG serait de nul effet. C'est d'ailleurs pourquoi l'union de wilaya interpelle la Centrale syndicale pour qu'elle pèse de tout son poids pour négocier “avec fermeté” l'abrogation de cet article et réparer par la même occasion le préjudice salarial qu'il aura causé. Par ailleurs, l'UGTA salue la décision d'effacement des dettes de l'Eniem. Cette décision d'assainissement financier du géant de l'électroménager permettrait de propulser l'Eniem “au rang des entreprises compétitives, créatrices de richesses et génératrices d'emploi”, note l'organisation syndicale. Au plan organique, l'union de wilaya s'en prend vigoureusement à certaines fédérations nationales plongées dans un immobilisme criant. Elle accuse les responsables de ces fédérations de “s'inquiéter beaucoup plus de leurs intérêts propres que des doléances de leurs adhérents”.