Dans un rapport annuel destiné au président de la République, la Cour des comptes dresse un bilan catastrophique sur la situation de l'Office du centre des affaires de Zéralda (OCAZ). Une évolution constante des créances qui ne sont pas recouvrées, une faiblesse des fonds propres qui se dégradent d'année en année du fait de l'accumulation des résultats déficitaires, un lourd endettement qui dépasse, parfois, le montant total du bilan ; il s'agit en l'occurrence de la dette d'investissement (crédit Cnep), une faiblesse de l'activité de l'établissement puisque les charges représentent, en moyenne, 80% de la valeur ajoutée et 75% des charges d'exploitation. Telles sont globalement les conclusions de la Cour des comptes qui suggère un redressement possible de la situation qui reste conditionné, d'une part, par une volonté ferme de l'Assemblée communale pour la revalorisation de ce patrimoine et, d'autre part, par l'application d'un plan de redressement rigoureux qui prenne en compte le souci de la préservation de l'emploi. Théoriquement, il n'y a rien de plus simple dans la mesure où la disponibilité du premier responsable à remédier à la mauvaise gestion est nettement affichée. “Je ne veux pas être complice de cette gestion”, nous a-t-il déclaré dans un entretien à ce sujet. Pis encore, le maire qui hérite d'un passif se retrouve “poursuivi en justice pour avoir tout simplement pris la décision de récupérer un patrimoine de la commune”. En effet et devant le déficit qu'accuse cet établissement depuis des années, le maire a signifié à la direction la décision de fermeture en attendant de trouver une solution permettant l'assainissement de la situation. Une décision qui ne sera pas du “goût de la gestionnaire”, souligne le P/APC, Mouhib Khatir. Et c'est à partir de ce moment que “la guerre” a commencé. La direction de l'Ocaz dépose une plainte contre le maire pour abus d'autorité et corruption. L'affaire est actuellement instruite par le tribunal de Boufarik. Mais revenons à l'origine du conflit. “Les contrôles sur la gestion de l'Ocaz ont permis, à travers l'examen des actes constitutifs de cet organisme, de se pencher sur les conditions de sa création, caractérisée par des zones d'ombre. En effet, cet établissement public, créé par délibération exécutive communale de Zéralda du 19 septembre 1993, approuvée par arrêté du wali de Tipasa du 22 février, a souffert d'un certain flou entourant son statut juridique, dès sa naissance. Alors que la délibération de l'instance communale précitée, portait création d'un établissement public communal à caractère commercial, l'arrêté du wali tout en approuvant la délibération portait sur la création d'une entreprise publique locale conformément aux règles d'organisation et de fonctionnement prévues par le décret n°83 du 19 mars 1983 précisant les conditions de création, d'organisation et de fonctionnement des entreprises locales. Ces distorsions touchant la forme juridique du centre ont eu des conséquences négatives sur la gestion et le fonctionnement de ce dernier”, mentionne le rapport de la Cour des comptes. Pour ce qui est de la consistance des équipements du centre, ils ont été réalisés sur la base du financement Cnep en vertu d'une convention passée entre cet organisme et la commune, d'un montant de 62 millions de DA. Trop d'irrégularités sont rapportées par la Cour des comptes. D'abord dans la question du patrimoine, il est constaté que les documents comptables sont loin de traduire d'une manière sincère et fidèle les biens détenus par l'office. À la fin de l'exercice 2004, le montant cumulé de la dette et du service réclamé par la Cnep s'élève à plus de 39 milliards de centimes. L'inexistence d'outils de gestion a conduit à un chevauchement dans les compétences, loin de tout contrôle. Le directeur de l'office ayant concentré l'essentiel des prérogatives de gestion. Les modifications apportées au statut et au cahier des charges, ont permis au conseil d'administration d'être l'organe exclusif. L'examen des PV du CA a permis de constater la prise en charge de dépenses ne relevant pas de l'établissement. En somme, l'office naviguait à vue. Le maire citera un tas de modifications apportées au centre touristique. “L'hôtel de 32 chambres était initialement destiné aux hommes d'affaires. Depuis 2002, il a été transformé en hôtel touristique comprenant cabaret, discothèque, salle des fêtes, bar. Un supermarché d'une centaine de magasins a été créé dans un sous-sol. Les magasins ont été loués de gré à gré pour des sommes dérisoires alors que le gérant continue de ne pas payer les loyers à l'APC. Quant à la Cnep qui possède un local au niveau de ce centre, elle ne s'acquitte pas des loyers dont le montant des arriérés s'élève à ce jour à plus de 500 millions de centimes. Depuis 1994, aucune révision des loyers n'a été opérée. En somme, il y a trop de complicités et le but recherché est de permettre à la Cnep de saisir ce patrimoine devant l'incapacité de l'établissement à honorer ses dettes. Des complicités à un haut niveau qui veulent brader le centre des affaires. Personnellement beaucoup de pressions pèsent sur moi. Les plaintes que j'ai déposées auprès de la justice pour tentative de corruption n'ont jamais abouti. Alors je vous laisse le soin de deviner.” Il est vrai que la valeur réelle de ce centre dépasse largement 500 milliards de centimes. On veut l'avoir pour une bouchée de pain. Sidérant !