Une conférence portant sur l'importance du court métrage pour l'avenir du cinéma algérien a eu lieu, avant-hier, dans le cadre de la première édition des Journées cinématographiques d'Alger. Avant l'ouverture du débat, les présents à la salle Frantz-Fanon ont d'abord assisté à la projection de trois courts métrages : El Bab, de Yasmine Chouikh, qui relate l'histoire d'une jeune fille qui ne lève les yeux de ses tâches ménagères que parce qu'elle est attirée par une lumière qui surplombe la porte : une métaphore de la liberté ; La Symphonie des dieux, de Zakaria Saïdani, qui a été traversé par plusieurs moments difficiles, notamment les lenteurs et les ellipses, ajoutez à cela les soucis techniques ; et Les étrangers, de Fateh Rabia, de loin, le plus intéressant des trois. Il est question de jeunes garçons étrangers dans leur propre pays. Place ensuite au débat, avec Yasmine Chouikh qui a annoncé que la télévision algérienne réservera prochainement un espace pour le court métrage. Pour la jeune réalisatrice, “l'avenir du cinéma algérien est dans le court métrage. Ce dernier créera un public pour le cinéma algérien”. De son côté, le directeur artistique de ces journées, Mehdi Benaïssa, a expliqué : “Le court métrage est important parce qu'il permet de se tester.” Sur la question primordiale des moyens, M. Benaïssa a déclaré : “Il y a une inégalité dans les moyens de tournage mais les moyens n'ont jamais fait la valeur de ce que l'on raconte. Peu importe la caméra que l'on a, l'important est de raconter une histoire.” Cependant, raconter une histoire n'est pas le propre du court métrage. Ce dernier doit susciter les interrogations et les questionnements, et n'a pas toujours la vocation de suivre une chronologie, dans un contexte mondial où le court métrage est considéré comme un genre à part entière. Il ne se substitue pas au long métrage et n'est pas une alternative, encore moins un exercice. Le court est une forme de cinéma d'auteur et son public n'est pas le même que celui du long métrage. Si l'on suit le raisonnement des intervenants d'avant-hier : combien de jeunes qui raconteront une histoire n'auront pas de moyens afin d'accéder à une visibilité ? Combien de réalisateurs ne dépasseront pas le stade du “test” ? Le public algérien, que d'excellents longs métrages ne réussissent pas à attirer dans le peu de salles de cinéma qui restent à Alger, va-t-il se déplacer pour voir un film de 8 minutes ?