Comme souhaité par le ministère public lorsqu'il a lu son réquisitoire jeudi dernier, le tribunal d'Annaba a demandé, hier, un complément d'information dans le procès dit du thon rouge. Dans cette affaire sont impliqués des armateurs turcs et algériens aux côtés de deux cadres du ministère de la pêche et des ressources halieutiques. Le juge a ainsi exigé plus de détails de la part du ministère de la pêche, du fisc, de l'administration des douanes et de la marine nationale, afin de mieux maîtriser le dossier dont il a la charge. Ceci alors qu'il était attendu qu'il rende, hier, justement, son verdict final dans ce procès. Rappelons que le procureur de la république avait requis, jeudi, après l'audition deux jours durant des témoins, des peines de prison ferme de 8 et 6 ans respectivement à l'encontre du secrétaire général et du directeur des pêches maritimes et océaniques (DPMO) et de 5 ans de prison ferme encore contre les armateurs turcs et algériens. Des peines assorties pour ces derniers d'une amende équivalant à dix fois le montant de la capture de thon et la saisie des embarcations et du matériel utilisé dans le cadre de cette opération de pêche illicite de thon rouge qui a entaché la saison 2009. Les navires turcs, un thonier-senneur accompagné de deux remorqueurs battant le même pavillon, avaient été arraisonnés par les garde-côtes algériens, début juin passé, au large d'Annaba, alors qu'il tractait une cargaison de 210 tonnes de thon rouge. Les thoniers turcs n'avaient pu présenter alors aucun document les autorisant à pêcher et à circuler dans les eaux territoriales, alors qu'ils prétendaient avoir acheté en toute légalité sa capture à un armateur algérien. Il a pu ensuite être prouvé qu'il s'agissait en fait d'une mise en scène, les remorqueurs turcs simulant un faux échange de capture. Les navires étrangers, venus avec du thon pêché illégalement, ne faisaient que simuler cette opération en mer pour obtenir un document de traçabilité qui leur permette de débarquer leur marchandise en toute légalité. Il est pourtant loisible de constater que nos thoniers, même s'ils disposent de toutes les autorisations légales, ne sont pas en mesure de pêcher les quantités déclarées. Les garde-côtes venaient de mettre la main sur le produit d'une pêche pirate que tentait de couvrir l'armateur algérien propriétaire du palangrier Djazair2. Une embarcation qui se faisait passer pour un thonier-senneur et qui n'est pas capable d'une capture de cette importance, en réalité, car n'ayant ni les filets ni les moyens de levage propres à ce genre d'activité. Indiquons enfin que pour la campagne de pêche de thon rouge 2009, la Commission internationale pour la conservation des thonidés, l'Iccat, a fixé un plafond de 22 000 tonnes de prises pour toute la méditerranée. L'Algérie s'est vu octroyer un quota de 1 117,42 tonnes. 223,50 tonnes (20%) ont été concédés à 7 thoniers japonais au titre “étranger” et les 80% restants, 888 tonnes, au titre “national”, réparties entre des armateurs nationaux qui, cette année, sont au nombre de 4 sur les 17 qui en avaient formulé la demande.