Le procès de l'affaire dite du thon rouge qui devait être jugée hier devant le tribunal d'Annaba a été reporté au 24 mars prochain en raison de l'absence à la barre des Turcs impliqués dans le dossier. Un report qui fait suite à un premier ajournement demandé le 29 octobre 2009 à la fois par le parquet et par le juge chargé du dossier pour, notamment, un complément d'information. Cette affaire de blanchiment de capture de thon dans laquelle sont impliqués le secrétaire général du ministère de la Pêche, le directeur des pêches maritimes et océaniques, les deux armateurs des bateaux algériens, El Djazair II et, l'armateur turc Oghlou Hassan Chirif ainsi que ses 4 compatriotes pêcheurs avait défrayé la chronique l'été dernier de par son caractère scandaleux et il était attendu qu'elle connaisse un dénouement hier. Le report du procès, qui a été introduit par les avocats de la défense auprès du tribunal sur la base de l'absence inexpliquée des accusés turcs a été agréé par le juge qui a fixé la date du 24 mars courant pour statuer définitivement et rendre son verdict et ce “quoi qu'il advienne ce jour-là”, a déclaré le magistrat chargé du dossier. À signaler que le dossier en question avait été confié au tout début à M. Belkebir, un juge maîtrisant sur le bout des doigts le droit maritime et que l'audience d'hier était présidée par un autre magistrat tout aussi décidé, semble-t-il, à faire éclater la vérité sur les implications des uns et des autres acteurs dans cette affaire de pêche illicite et d'évasion fiscale. Rappelons que cette affaire a défrayé la chronique le 10 juin 2009 lorsque les garde-côtes de la station maritime principale de Annaba avaient arraisonné au large des côtes de Annaba 3 bateaux turcs avec à leur bord 210 tonnes de thon rouge pêchées dans les eaux territoriales algériennes et vendues par un bateau algérien, en l'occurrence El Djazair II. Les 4 inculpés turcs, Oghlou Hassan Chirif, Iddiz Mustapha, Blibel Iroll et Certer Iroll avaient été accusés de pêche illicite dans les eaux territoriales algériennes, de contrebande et de falsification de registres et des armateurs algériens, pour pêche illicite et deux autres cadres algériens, pour trafic d'influence et de détournement de fonction au profit de tierces personnes. Lors des précédentes audiences, le juge avait pu semer le doute quant à la thèse selon laquelle il y avait eu transbordement des quantités de thon (210 tonnes) supposées avoir été pêchées par les bateaux algériens puisque les pêcheurs turcs avaient affirmé avoir pris cette quantité en 3 jours ce qui était quasiment impossible au vu des constats faits par les garde-côtes lors de l'inspection des bateaux de l'armateur turc. Et donc le juge avait conclu que les thoniers turcs avaient pêché cette quantité pendant plusieurs jours et qu'en fait, il n'y avait pas eu de transbordement mais que les armateurs algériens avaient tout simplement vendu aux Turcs leur quota. La dernière audience avait vu le procureur de la République requérir des peines de 5 à 8 ans de prison ferme assorties d'une amende égale à 10 fois la valeur marchande de la capture illicite à l'encontre de l'ensemble des accusés.