Des habitants de certains quartiers de la ville des Genêts, les habitants de la cité Eucalyptus dans le centre-ville de Tizi Ouzou ont procédé, avant-hier, à la fermeture de trois importants axes de communication. Ainsi, tôt le matin, des jeunes du quartier ont fermé à la circulation le boulevard Mohand-Arezki-Haddadou qui longe le quartier en question. À l'aide de blocs de pierre, de bacs à ordures, de pneumatiques usagés et autres troncs d'arbres, les manifestants visiblement en colère ont bloqué le passage aux automobilistes contraints alors de rebrousser chemin. La rue adjacente Oukaci-Boualem a été également fermée à la circulation par les manifestants qui, non contents de la sourde oreille affichée par les autorités, ont décidé de barrer carrément la rue principale de Tizi Ouzou, l'avenue Abane-Ramdane en l'occurrence. Aussitôt un énorme embouteillage s'est formé par les véhicules des usagers pris visiblement au dépourvu. Mais pourquoi cette action de rue ? L'un des représentants du quartier affirme que c'est pour revendiquer l'indemnisation de leurs véhicules qui avaient été soufflés par la bombe ayant ciblé le siège des Renseignements généraux (RG) de Tizi Ouzou, le 3 août 2008. “Nous, victimes de l'attentat du 3 août 2008, délaissés par les autorités, appelons les citoyens à un rassemblement devant le lieu de l'attentat”, est-il écrit dans un communiqué laconique placardé en ville. Les manifestants revendiquent, outre l'indemnisation de leurs véhicules et la prise en charge des victimes, l'aménagement des espaces communs du quartier et l'indemnisation sur les équipements domestiques. Au sujet des véhicules que l'engin explosif avait réduits en un tas de ferraille, promesse a été donnée que les pouvoirs publics allaient prendre en charge l'indemnisation des propriétaires des véhicules calcinés lors de l'attentat à la bombe. Cela dure depuis plus d'une année en dépit des écrits de rappel et autres démarches sans lendemain. Le cabinet de Djamel Ould Abbas les fait traîner depuis. Sollicité, le département de l'Intérieur n'a pas été d'une grande utilité pour les protestataires. Pourtant, les propriétaires de véhicules touristiques ont été indemnisés, contrairement à ceux qui possédaient des véhicules utilitaires. “Pourtant, on nous a donné des promesses fermes que nous allions être indemnisés”, tempête un manifestant. Dans l'après-midi, une fumée noirâtre se dégageait des pneus enflammés qui se consumaient au milieu de la chaussée. Les trois rues étaient toujours fermées à la circulation par les manifestants qui voulaient sans doute en découdre avec “ceux qui les ont menés en bateau”. Les manifestants ne comptent pas baisser les bras, ils se disent déterminés à continuer leur lutte jusqu'à la satisfaction de leurs revendications. Sur le lieu de l'attentat, le siège de la police a complètement disparu. Les murs qui avaient échappé à l'explosion ont été démolis. Tel est l'effet de la bombe. Le phénomène du blocage de routes a pris désormais de l'ampleur à Tizi Ouzou. Apparue d'abord dans les communes rurales, la fermeture de routes a gagné maintenant le chef-lieu de wilaya. Même les grands boulevards de la ville sont barricadés par des manifestants qui ne trouvent pas d'interlocuteurs pour soulever leurs doléances.