En Iran, quatre mois après l'élection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad, la répression se poursuit à l'encontre du mouvement de protestation. La justice iranienne a engagé des poursuites contre l'un des principaux animateurs de la contestation, Mehdi Karoubi. Ce septuagénaire n'est pas n'importe qui. Outre que c'est un réformateur, ancien président du Parlement et candidat malheureux à l'élection présidentielle du 12 juin, c'est un leader religieux, autrefois très proche du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Khomeiny. Il s'est imposé comme le porte-parole le plus pugnace de la critique contre les méthodes de la police, il a été le premier à dénoncer que des manifestants avaient été torturés et parfois aussi violés dans des prisons secrètes tenues par les services de renseignements liés aux milices bassidji, très actives lors de la répression des manifestations post-électorales. Implicitement, il s'en prend au Guide successeur de Khomeiny, Ali Khamenei, mentor d'Ahmadinejad. Devant l'insistance de Karoubi, formulées au sein même du Parlement, y compris dans les rangs conservateurs, certainement par des proches à lui, la prison emblématique de Kahrizak, où des cas de mort suspecte avaient été dénoncés, a été fermée et une commission d'enquête a finalement examiné ses accusations. Le mois dernier, la commission les a pourtant rejetées, affirmant qu'elles n'étaient pas fondées et a menacé de poursuivre en diffamation ceux qui porteraient de telles accusations. Un dossier, selon l'agence officielle Irna, a été constitué à l'encontre de Karoubi et transmis au bureau du procureur révolutionnaire qui a l'air de se défausser en déclarant : “Karoubi est un religieux et ses propos devront être examinés par une commission spéciale pour le clergé.” La guerre entre religieux, voilà ce qui n'arrange pas les choses pour Ahmadinejad car le calme qui règne en Iran reste précaire. L'opposition n'a pas désarmé malgré la répression et les intimidations. La condamnation à mort de trois manifestants, ces derniers jours a suscité la vive préoccupation de la haut-commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme. Et l'avocate iranienne, prix Nobel de la paix d'interpeller l'organisation multilatérale alors que jusqu'ici, elle se refusait à internationaliser la question des droits de l'homme dans son pays.