L'attentat terroriste perpétré, jeudi matin à Souk El-Tenine, au sud de Tizi Ouzou, ciblant des agents de sécurité d'une société de gardiennage chargée de surveiller les chantiers de l'entreprise canadienne SNC-Lavalin, reste le plus meurtrier que la région ait connu ces derniers mois. Le bilan plus qu'effarant de sept morts, le choix du lieu de l'embuscade ainsi que des victimes ciblées, des ex-Patriotes, renseignent sur le changement de méthode des groupes terroristes qui écument encore les maquis islamistes en Kabylie. Poussés dans ses derniers retranchements par les coups de boutoir des services de sécurité qui ont repris l'initiative sur le terrain des opérations, les islamistes armés du GSPC sont à la recherche d'un redéploiement à même de booster les acolytes de Droukdel visiblement aux abois. Etêtée, l'organisation terroriste, qui a perdu plusieurs de ses “émirs”, est poussée à opérer des changements dans ses méthodes criminelles. Ainsi, les éléments des groupes armés adoptent une stratégie de la terre brûlée qui donne à croire que la branche d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (BQMI) maîtrise le terrain des opérations militaires. L'objectif est double : d'abord donner l'image d'un groupe terroriste outillé militairement et dissuader ses éléments tentés par la reddition. C'est aussi un message aux ressortissants étrangers établis chez nous. D'ailleurs, au lendemain de l'embuscade meurtrière de jeudi dernier, le Canada n'a pas tardé à réagir en déconseillant à ses ressortissants de se rendre dans plusieurs régions du pays, et notamment en Kabylie. Dans un communiqué mis en ligne sur son site Web, le ministère canadien des Affaires étrangères et du Commerce international recommande vivement à ses ressortissants présents en Algérie d'éviter “tout voyage non essentiel à l'extérieur des grands centres urbains en Algérie, tout particulièrement dans la région montagneuse de Kabylie”. Cet avertissement est justifié par le fait que dans cette région en particulier, “des actes terroristes, des activités de banditisme et des enlèvements pour l'obtention d'une rançon” s'y sont produits. Si le groupe auteur de l'embuscade tendue à Souk El-Tenine, avec le bilan macabre que l'on sait, a visé des agents de sécurité armés, cela voudrait dire que les terroristes islamistes sont sous-équipés militairement. C'est pourquoi, d'ailleurs, ils ont récupéré les armes, des fusils à pompe, des victimes. Depuis que les services de sécurité avaient intercepté un convoi de marchandises d'armes dans le Sud algérien, l'étau ne cesse de se resserrer autour des maquis du GSPC au nord du pays. C'est la rançon payée suite à l'enlèvement des touristes européens en 2003 par le groupe d'El-Para qui avait servi, on s'en souvient, à l'achat de cette cargaison d'armes. Les frontières étant moins permissives, les groupes terroristes qui écument les maquis du Centre, notamment en Kabylie, s'attaquent aux services de sécurité justement dans le but évident de récupérer des armes. Ce qui peut se comprendre comme un moyen de renforcer l'armement logistique du GSPC qui n'arrive pas à le faire avec les rançons des kidnappings. D'où les attaques terroristes sur les routes de la Kabylie.