La salle de conférences de la bibliothèque centrale de l'université de Skikda a abrité dimanche et lundi derniers le 4e colloque international sur la Révolution algérienne avec la participation d'une pléiade de chercheurs historiens venus des deux rives de la Méditerranée. On peut citer les docteurs Madjid Merdaci, Sonia Laïssaoui, Abdellah Bekkouche, Larem Guidoum, Abdesslem Lamiche, Boucif Khaled, Youcef Gasmi et le professeur Abderrahim Sekfadi, venus des universités algériennes. D'autres historiens algériens des universités de France comme le Dr Nadia Hedroug, les Tunisiens Alia Allani, Med Salah El Hadi Hokki et les Français le Pr Galissot, les Dr Claire Mauss-Copeaux et Hervé Cellier, alors que Benjamin Stora qui devait intervenir sur le thème “Des images du cinéma colonial : l'absence de l'indigène” s'est désisté à la dernière minute. Les interventions ont tourné autour de l'“Evolution historique de l'image de l'Algérien dans le discours colonial”. Le cycle de conférence de la première journée a été entamé par le Pr René Galissot sur les effets paradoxaux de la catégorie “d'origine indigène”. Il intervient sur les paradoxes de la ligne coloniale sur la discrimination qui frappe le “Français d'origine indigène” entérinée par le sénatus-consulte le 14 juillet 1865. Une ségrégation qui gèle l'accès à la citoyenneté française pour ensuite user d'autres appellations péjoratives sur le même fondement raciste. Le recteur de l'université de Skikda, le Pr Ali Kouadria, a intervenu sur l'image de l'indigène dans les manuels scolaires durant la période coloniale en se basant sur les analyses contradictoires de Jules Ferry, Victor Hugo, général Ducrot, d'une part, et les analyses des généraux Dumas, Tocqueville et de Léon. Le Dr Nadia Hedroug de l'association Confluences méditerranéennes a intervenu sur le thème de la psychiatrie de l'indigène à la communication interculturelle. Elle dit que la liberté contre l'oppression coloniale a aussi marqué le combat contre la psychiatrie. Elle parlera de la situation de l'émigré actuel en France et en établissant le lien croisé avec les courants de pensée rattachés aux travaux d'Antoine Porot (psychiatrie de l'indigène), de Tobie Nathan (ethnopsychiatrie) et de Carmel Camilleri (interculturalité). Sonia Laïssaoui, du Ceneap d'Alger, a traité le “Code de l'indigénat : textes de loi pour les inégalités de droit” et se donne comme axe de réflexion : la législation coloniale, du code de l'indigénat à la loi sur les “vertus de la colonisation”. En conclusion, elle a fait le lien entre le code de l'indigénat et l'adoption par l'Assemblée nationale française et le Sénat de la loi sur “les bienfaits de la colonisation” et cela plus de deux siècles après. Elle dit que si la colonisation renfermait un quelconque bienfait, c'était bien pour le colon. Guidoum Laarem intervient sur la construction de stéréotypes liés à l'indigène dans les écrits coloniaux sur Constantine et sa région.Abdessamed Lamiche communique sur l'image des indigènes à travers la littérature populaire des pieds-noirs entre 1890 et 1920. Le sujet traitant la répression judiciaire du 8 Mai 1945 a été dispensé par Boucif Mekhalif de l'université d'Oran. Il dit qu'il s'agit d'un exemple de la justice coloniale. Le Dr Claire Mauss-Copeaux a sorti certaines photos réalisées par des appelés en Algérie entre 1955 et 1962. L'une d'elles représente deux “indigènes” torturés, en slip seulement sur une berge d'un oued en crue devant deux hommes européens, l'un muni d'un bâton et l'autre souriant. Une photo inédite qui fera râler les soldats français qui démentent l'usage de la torture durant la guerre de libération. Elle dit ironiquement : “Les soldats français quand ils parlent de violence, ce n'est toujours pas eux ou ça se passait ailleurs, par d'autres soldats.” La série de photos prise par des appelés, qu'elle présentera, témoignent du comportement inhumain du colon ou du soldat français. Les recommandations concernent principalement la pérennisation de ce colloque, le renforcement de la formation des historiens, la publication des actes et leur large diffusion, et enfin la participation, en collaboration avec le musée de Skikda, à monter le musée du Moudjahid de Skikda. “Les bienfaits du colonialisme” ont été donc revisités à travers la photo prise par des jeunes appelés français qui ont certainement pris ces images pour leur plaisir, mais qui sont des preuves irréfutables de l'atrocité du colonialisme.