Les Algériens, qui vont se rendre cette année à La Mecque et à Médine pour accomplir le hadj, ne sont pas à l'abri d'une contamination de la grippe porcine. Et pour cause, le premier contingent des futurs hadjis a quitté lundi le territoire national en partance pour l'Arabie Saoudite sans être vacciné contre le virus H1N1. C'est le ministre des affaires religieuses, Ghlamallah, lui-même, qui en a fait l'aveu, arguant l'absence du vaccin en Algérie. Se voulant rassurant, Bouabdallah Ghlamallah a affirmé que l'équipe médicale qui accompagne nos pèlerins est munie de quelque 40 000 doses de Tamiflu pour pouvoir soigner sur place quiconque attrapera le virus. C'est-à-dire qu'au lieu de vacciner les pèlerins algériens pour leur épargner toute contamination, l'on a décidé de n'intervenir qu'une fois tombés malades. Inouïe mesure de prévention ! Un pays comme l'Egypte, pourtant moins loti financièrement que l'Algérie, a commencé à vacciner ses ressortissants désirant se rendre aux lieux saints de l'islam dès lundi. Pour Hatem El-Djabli, ministre égyptien de la Santé, la vaccination des hadjis est “un devoir obligatoire”. C'est que l'Arabie Saoudite est très touchée par la pandémie. En effet, depuis le 3 juin dernier, date de l'enregistrement du premier malade atteint par la grippe A(h1n1), l'on a recensé quelque 22 000 cas suspects dont 7 000 confirmés et 62 morts. C'est dire que les Algériens qui s'y rendront, sans être vaccinés peuvent bien attraper la maladie. Une question : pourquoi les autorités algériennes n'ont-elles pas pris les devants, à l'image du gouvernement égyptien, pour assurer aux pèlerins algériens un séjour sans risque en Arabie Saoudite ? Pourtant, le 13 septembre dernier, le ministre de la santé, Saïd Barkat, a annoncé en grande pompe la commande de pas moins de 65 millions de doses. “L'Algérie a commandé 65 millions de doses de ce vaccin auprès de 4 laboratoires internationaux, et le premier arrivage de 20 millions de doses sera disponible dans les prochains jours”, a-t-il en effet indiqué en marge d'un cours inaugural sur la prévention de la grippe porcine à l'occasion de la rentrée scolaire 2009-2010. Voulant rassurer les Algériens, M. Barkat a soutenu que les pouvoirs publics ont pris “toutes les précautions” tant au niveau préventif que celui du traitement. Presque deux mois après ces déclarations lénifiantes du ministre de la Santé, les quantités de doses promises ne sont toujours pas reçues. Le Dr Cherchali, membre du PCO (Poste de commandement opérationnel) de la grippe au niveau du ministère de la Santé, de la Population et des Réformes hospitalières, a confié hier à un quotidien national que les 20 000 premières doses seront réceptionnées à la fin du mois de novembre pour lancer ainsi la campagne de vaccination annoncée par le ministre de tutelle lui-même pour fin octobre. La raison de ce retard ? Le Dr Cherchali a évoqué des raisons “purement administratives” dans les pays producteurs du vaccin. Pour ce qui est de la non-vaccination des hadjis algériens, le Dr Cherchali a soutenu que son ministère a concocté un programme sérieux qui sera appliqué au retour de ceux-là de l'Arabie Saoudite. “On va renforcer le dispositif spécial hadjis à leur retour des lieux saints. Cette méthode assurera la prise en charge et le traitement rapide de tous les cas suspects”, assure-t-il sans rire. Mais que cache ce grand cafouillage ? A. C.