Photo : M. Hacène Par Abderahmane Semmar Alors que le monde entier s'affole et prend des mesures de prudence pour limiter la propagation de la grippe porcine, en Algérie, on estime toujours que la saison du hadj ne sera pas mise en péril par l'évolution alarmante de la pandémie du virus A(H1N1). A ce sujet, le directeur général de l'Office national du hadj et de la omra (ONHO), M. Cheikh Berbara, a carrément relativisé la portée de la menace sur la santé de nos hadjis et s'est contenté d'assurer qu'une importante équipe médicale s'est rendue il y quelque peu aux lieux saints pour veiller à la sécurité sanitaire des candidats algériens à la omra. Intervenant récemment à l'occasion d'une journée d'information organisée par le Touring Club d'Algérie (TCA), M. Berbara a indiqué encore que l'équipe médicale sera présente au niveau de Médine et de La Mecque pour «accomplir sa mission de la meilleure manière qui soit», ajoutant que «l'Etat avait pris toutes les mesures pour protéger les Algériens devant se rendre aux lieux saints du virus A(H1N1)». Mais de quelles mesures s'agit-il ? A en croire ce responsable, la mission algérienne a assuré la disponibilité des médicaments en prévision à tout imprévu. Mis à part les médicaments, aucune mesure exceptionnelle n'a été prise pour accompagner nos concitoyens désireux d'accomplir le rite du hadj et de la omra ! Comme quoi la menace de la contamination par le virus de la grippe porcine relèverait d'un mythe ! Le premier responsable de l'ONHO va même jusqu'à ignorer certaines résolutions de la conférence des ministres de Santé qui a eu lieu au Caire. De même, il balayera d'un revers de la main les mises en garde de l'OMS ! Dans un entretien à un journal électronique saoudien, Cheikh Barbera affirmera carrément que «notre pays n'a pas à prêter attention aux conclusions de cette conférence» à laquelle l'Algérie a pourtant participé. «L'Algérie n'est pas concernée par les recommandations des ministres de la Santé des pays musulmans sous l'égide de l'OMS sur les incidences de la grippe porcine sur le hadj», a-t-il signalé. C'est à se demander si l'Algérie serait plus musulmane que d'autres pays musulmans qui ont préféré protéger leurs citoyens en interdisant, cette année, la omra et le hadj. Il est en ainsi de l'Iran et de la Tunisie. Pour rappel, la conférence du Caire a décidé l'interdiction du pèlerinage à toute personne dont l'âge est inférieur à 12 ans et supérieur à 65 ans. Quant à l'Organisation mondiale de la santé, même si celle-ci n'a aucun pouvoir coercitif, elle a précisé que cette recommandation devait être ratifiée par tous les pays concernés pour qu'elle ait un caractère exécutoire. L'Algérie, par la voix de l'Office national du hadj et de la omra a décidé donc de tout ignorer ! Pourtant, au moins 75% des 36 000 candidats algériens au hadj se recrutent parmi le troisième âge. «L'âge de la majorité des futurs hadjis algériens dépasse les 60 ans», nous a-t-on confirmé. «L'Etat algérien n'a pris aucune mesure pour revoir à la baisse le nombre de hadjis et n'a pas fixé d'âge limite pour les personnes désirant accomplir les rites du grand pèlerinage de cette saison», a souligné récemment à ce propos Cheikh Barbera. A entendre ces déclarations et le ton rassurant sur lequel elles sont émises, il est légitime de se demander si la santé de nos hadjis est réellement une priorité pour l'ONHO. Jusqu'à aujourd'hui, pas moins de 16 personnes sont décédées en Arabie saoudite à cause de la grippe A. Selon tous les experts, la marée humaine qui se rendra prochainement aux lieux saints est une aubaine pour la propagation du virus. Qui garantira, dès lors, que les hadjis algériens reviendront sains et saufs ? Certainement pas l'ONHO…