Après des mois de blocage, le très eurosceptique président tchèque Vaclav Klaus a fini par signer mardi à Prague le traité de Lisbonne, levant ainsi l'ultime obstacle à l'entrée en vigueur de ce document censé améliorer le fonctionnement de l'UE élargie. La Cour constitutionnelle tchèque avait déjà jugé plus tôt dans la journée le traité conforme à la loi fondamentale du pays. La signature par le président Klaus a été immédiatement saluée par les dirigeants européens. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a estimé à Washington qu'elle levait "le dernier obstacle" pour ce traité. Selon le Premier Ministre britannique Gordon Brown, cet acte constitue une "étape importante et historique" pour l'UE. La chancelière allemande Angela Merkel, en voyage à Washington, s'est également félicitée de la signature, estimant que l'entrée en vigueur de ce texte allait rendre l'Union européenne "plus démocratique sur le plan intérieur, plus forte et plus sûre d'elle-même sur le plan extérieur". À Paris, le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, a déclaré pousser "un grand ouf de soulagement", en apprenant la signature. "On revient de loin (...). Nous avons échappé au pire, notamment à un référendum que nous promettaient les conservateurs britanniques", a-t-il dit. Mardi soir, les conservateurs, principale force d'opposition en Grande-Bretagne, ont annoncé qu'ils n'organiseraient pas de référendum sur le traité s'ils parviennent au pouvoir, comme le prédisent les sondages, après la signature du texte par le président tchèque. Vaclav Klaus était le dernier des dirigeants des 27 pays de l'UE à ne pas avoir encore signé le traité. Après avoir obtenu vendredi à Bruxelles l'exemption qu'il réclamait, comme celle accordée à la Grande-Bretagne et à la Pologne, à la charte des droits fondamentaux, le président tchèque s'était engagé à signer le traité si la Cour constitutionnelle donnait son feu vert. Cette dérogation devrait empêcher, selon M. Klaus, toute restitution des biens des Allemands des Sudètes confisqués après la Seconde Guerre mondiale. Selon les textes officiels, l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne est prévue "le premier jour du mois suivant le dépôt (à Rome) des instruments de ratification de l'Etat signataire qui procède en dernier à cette formalité", soit le 1er décembre dans ce cas. Le président français Nicolas Sarkozy a déclaré vendredi que le traité de Lisbonne entrerait "sans doute" en vigueur le 1er décembre. Le président en exercice de l'Union européenne, le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt a déclaré mardi qu'il annoncerait "dès que possible" l'organisation d'un sommet extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement des 27 pays de l'Union pour désigner le premier président de l'UE et son ministre des Affaires étrangères.