RESUME : Lorsque Wassil sort, il appelle en premier chez son père. Sa marâtre lui demande de ne plus appeler. Il leur fait honte. Il joint ensuite sa mère. Elle lui enverra un peu d'argent et lui recommande la prudence… 3eme partie Tout en composant le numéro de son amie Ghania, Wassil prie de la trouver et surtout pour qu'elle ne lui raccroche pas au nez. Qui sait quelle réaction elle aura en le sachant libre ? Il se rappelle qu'elle n'avait eu aucun mot gentil pour lui lorsqu'il l'avait appelée au début de son incarcération. Il avait cru qu'elle lui remonterait un peu le moral, parce qu'ils s'aimaient et il a été bien déçu. Elle lui avait demandé de ne plus l'appeler jusqu'au jour où il sortirait de prison. Maintenant que c'était fait, il en est à se demander s'il ne devrait pas raccrocher avant d'être de nouveau déçu. Ghania devait avoir changé de sentiments. Sa mère allait sûrement, si cela n'était pas déjà fait, la presser à rompre avec lui, l'oublier à tout jamais. Elle ne fera pas sa vie avec un homme qui aura fait de la prison. Qui voudrait d'un voleur pour gendre ou pour mari ? Wassil n'a pas le temps de raccrocher quand il entend à l'autre bout de la ligne une voix de femme. Il ne la reconnaît pas mais il se force à lui parler, le visage en feu, comme si elle pouvait le voir, deviner qu'il est et d'où il vient. - Ghania ? Je voudrais parler à Ghania, dit-il. - Qui la demande ? - Un ami, répond-il. Est-ce qu'elle est là ? - Vous ne savez pas ? réplique-t-elle d'un air surpris. Pour un ami… Depuis quand n'avez-vous pas parlé avec elle ? - J'ai fait mon service national, ment-il, et je n'ai pas gardé contact avec elle depuis… - Je comprends. Est-ce que vous êtes à Alger ? - Oui. - Pour longtemps ? demande la femme dont il ignorait même le lien de parenté. - Peut-être. Ghania n'est pas là ? - Non, mais je pourrai vous dire où elle est maintenant si on peut se voir demain matin, lui propose-t-elle. Je ne peux pas le faire au téléphone ! - Elle s'est mariée ? - Demain, vous saurez. Attendez-moi à l'arrêt des taxis ! Bien avant qu'elle ne raccroche, Wassil a pu entendre la voix de la mère de Ghania qui demandait à qui elle parlait. Il se rappelle que le frère aîné de Ghania était fiancé. Il s'est sûrement marié durant sa détention. Ghania n'a pas de sœur. De quel arrêt voulait-elle parler ? Peut-être celui où j'avais l'habitude d'attendre Ghania ! Où peut-elle être ? Pourquoi sa belle-sœur n'a pas voulu m'en parler au téléphone ? Elle ne m'a même pas dit à quelle heure ! Wassil décide d'attendre toute la matinée. Pour s'occuper, il se promène d'un quartier à un autre. Bien qu'il meure de faim, il n'ose pas dépenser les quelques dinars qu'il a en poche. Bien avant la fin de l'après-midi, il va attendre devant la prison l'unique ami qu'il a. Le gardien Tewfik qui l'a aidé ces derniers mois à supporter la pression faite par les autres détenus qui lui en voulaient et qui l'enviaient. Tewfik arrive peu de temps après ; il est surpris de le voir. Il s'en inquiète même. - Tu as des problèmes ? - Oui, je n'ai pas où loger, répond-il. Est-ce que tu peux m'aider à trouver un endroit ? - Ton père n'est pas venu ? - Non, et il ne veut plus entendre parler de moi… Je t'en prie, aide-moi ! - Je n'ai pas où te loger, lui dit Tewfik en fouillant dans son portefeuille. Mais je peux te payer une chambre d'hôtel pour quelques jours ! Il lui remet plusieurs billets avant de lui recommander de tenter de se réconcilier avec sa famille. Sinon, sa sortie de prison allait devenir un enfer. A. K. (À suivre)