Après les rencontres d'Alger et de Constantine, le ministre de l'Habitat, Noureddine Moussa, a présidé hier à Oran le troisième regroupement régional consacré à “l'achèvement des constructions”, au siège de la wilaya, et ce, en présence des autorités locales et des directions de wilaya de toute l'Oranie. Présentant dans le détail le document de base relatif “à la mise en conformité et l'achèvement des constructions”, la loi n°08-15 et le décret exécutif n°09-154, le ministre a ordonné à l'ensemble des responsables et des services compétents d'appliquer comme il se doit les textes, et ce, afin d'aller vers une mise en conformité des actes d'urbanisme dans les villes algériennes. Reconnaissant que “la décennie noire a engendré des dépassements, absence de l'Etat, des instruments d'urbanisme inadéquats”, le ministre estime qu'aujourd'hui cette situation est révolue et que c'est “la fin de l'amateurisme urbanistique, nous voulons entrer dans la normalité de l'acte de bâti”, indiquera l'intervenant. Pour ce faire, le ministre rappellera quelques mesures prises ces dernières années et qui sont appelées à être renforcées et confortées sur le terrain telles que les polices de l'urbanisme chargées de contrôler les traitements des façades, les études. Par ailleurs, la mise en place d'un fichier national sur toutes les opérations urbaines à planifier répond encore à ce souhait de réglementer et de donner aux villes algériennes qui sont défigurées une esthétique particulière. Sur cette question, le ministre rappellera les chiffres qui donnent une idée de l'ampleur de l'enlaidissement des villes. Ainsi en 2007 à l'échelle nationale, il existait 553 000 bidonvilles dont 92 000 constitués de bâtisses totalement précaires, 280 000 sont sans structure, 180 000 sont faites juste de “toub”. Lors de son point de presse tenu en marge de la rencontre, Noureddine Moussa évoquera le rôle de l'Ordre des architectes pour ce qui est de l'acte de bâtir ou pour la création d'une charte de l'habitat. “La charte de l'habitat ou la charte de la ville doit être proposée par la société civile, l'architecte qui fait n'importe quoi doit être sanctionné, c'est à l'Ordre des architectes de le faire, et de sanctionner ses pairs”. Interrogé sur qui doit sanctionner les pouvoirs publics qui délivrent des permis de construire, comme ce fut le cas pour les projets de la place Karguentah d'Oran, ou celui près du pont Zabana, le ministre reconnaîtra que la responsabilité est partagée d'une part par l'administration, et le jury qui choisit ces projets généralement soumis aux concours. Sur ces questions de projets implantés là où il ne faut pas, une loi réglemente cette situation qui porte sur la croissance urbaine et avec l'existence des PDAU qui doivent planifier sur plus de 20 ans. Dans ce cadre de croissance et de développement urbain, il existe en effet des instruments d'urbanisme comme les PDAU et les POS mais là aussi le décalage entre les textes et leur application sur le terrain est criant. D'ailleurs, le ministre reconnaîtra une fois encore cette situation, en livrant une nouvelle fois des statistiques qui en disent long. Ainsi sur 1 051 PDAU, 500 restent encore à réaliser, plus grave pour les POS, sur les 12 000 POS existants plus de 4 000 manquent. Une façon d'instituer un vide en matière d'instrument urbanistique.