Certains importateurs et distributeurs font du profit illégal sur le dos des bébés et nourrissons en l'absence de l'Etat sur le terrain. De nos jours, l'allaitement artificiel gagne de plus en plus de terrain, ce ne sont pas seulement les femmes qui travaillent qui allaitent de moins en moins leurs enfants, mais aussi celles qui sont au foyer. Selon les statistiques du ministère de la Santé, 6,9% des femmes algériennes allaitent exclusivement au sein leurs bébés pendant les six premiers mois de leur vie. L'effet publicitaire des compagnies étrangères pour la commercialisation du lait de substitution participe largement à son abandon. La commercialisation du lait de bébé est devenue très contraignante après la contamination frauduleuse du lait en Chine ; la présence de mélamine dans le lait en poudre a fait 6 morts. Malgré le rappel des produits de lait en poudre contaminés exportés à l'étranger, ces produits sont toujours en vente en Afrique comme c'est le cas en Tanzanie. Nous nous rendons aux marchés de gros de Semmar et Jolie-Vue. On y apprend que plusieurs marques de lait sont commercialisées en Algérie telles que Galia, Celia, Sehha, Nursie, Biomil, Ladymil, Guigoz… Toutes ces marques sont mises à la disposition du consommateur avec des quantités fixes. Ces derniers temps, nous constatons une pénurie de la poudre de lait pour bébés sur le marché suivie d'une flambée des prix. Les grossistes expliquent que le problème ne se situe pas à leur niveau, mais au niveau des importateurs et plus particulièrement au niveau des ports et des douanes. Les grossistes posent aussi le problème d'instabilité des prix. Les prix sont variables. Selon ces grossistes, les fournisseurs leur vendent les produits à un prix fixé au hasard et eux les revendent avec une marge bénéficiaire. Le prix d'une boîte de lait varie entre 250 et 350 dinars chez les grossistes, en commerce de détail la boîte est plus coûteuse, environ 440 dinars, et le prix atteint son plafond chez les pharmaciens entre 400 dinars et 600 dinars. Cette augmentation est justifiée par le payement d'une TVA lors de l'achat de ce produit chez les grossistes pharmaceutiques. Les pharmaciens visités pointent du doigt l'absence de l'administration et de contrôle de ces prix. Ils souhaitent bien que ces prix soient contrôlés par les autorités concernées. Quant au problème des dates de péremption, un des grossistes nous a confirmé qu'elle est entre une année et une année et demie minimum, mais en réalité nous constatons chez les revendeurs de détail que le produit est toujours commercialisé jusqu'au jour de la date de péremption. Nous nous sommes rapprochés de certains pharmaciens pour plus de détails, la seule réponse que nous avons reçue, c'est que la commercialisation d'un produit se fait jusqu'à épuisement du stock même dans le cas où celui-ci se rapproche de sa date d'expiration, le produit est toujours commercialisé. Ce qu'oublient les commerçants et les importateurs, c'est que les boîtes de lait en poudre sont destinées à une population fragile : les nourrissons et les bébés. Ce lait doit répondre à des exigences sanitaires et qualitatives sévères, et ce, conformément aux normes internationales, les étiquettes doivent être conformes aux normes du code international de commercialisation des substituts du lait maternel et aux résolutions de l'Organisation mondiale de la santé. La date limite d'utilisation des boîtes de poudre de lait est imprimée au-dessous de la boîte, l'utilisateur doit bien vérifier cette date avant l'achat et avant de préparer le biberon. Passé ce délai, il faut jeter la poudre de lait non utilisée. Par exemple dans les pays développés, les mesures applicables à ce type de produit sont strictes. On ne trouve jamais sur les étalages des commerces des dates de préemption juste limite comme c'est le cas chez nous, les quantités d'approvisionnement des commerçants sont contrôlées selon la demande du produit laitier. Les boîtes ont une durée limitée sur les étalages, les boîtes non vendues durant la période fixée sont retirées bien avant la date d'expiration et remplacées par de nouvelles. Rarement, on trouve sur les étalages des produits commercialisés une année et demie après la date de production. Enfin, le consommateur doit redoubler de vigilance lors de l'achat de ces produits laitiers et lors de leur utilisation d'autant plus que ce lait en poudre est destiné aux bébés. Rien ne pourra remplacer le lait maternel, c'est la plus grande marque pour les enfants du 1er âge, 2e âge et 3e âge. Le fondateur des “Hôpitaux amis des bébés” en Algérie cite les bienfaits de l'allaitement maternel. “Les enfants nourris au lait maternel risquent dix fois moins d'être hospitalisés pour une quelconque infection bactérienne sévère et quatre fois moins de présenter une méningite ; l'allaitement prolongé et exclusif au sein stimule le développement cognitif des enfants et contribue à l'amélioration de leur rendement scolaire…” L'allaitement maternel protège aussi la maman contre certaines maladies graves comme les cancers du sein et le col de l'utérus, et en plus, il renforce le lien mère-enfant. Sans compter les économies encourues puisque le lait en poudre demeure un produit d'importation chèrement payé en devises. Le lait en poudre reste une substitution en cas de nécessité, ou un complément seulement et non pas une obligation en soi.