Annuellement, pour la seule clinique St-Michel, ce sont 150 nouveaux cas d'enfants atteints de diabète qui sont diagnostiqués. En milieu scolaire, les unités de dépistage ont répertorié 345 élèves diabétiques à partir des seules déclarations des parents. Ce sont des chiffres qui ne cessent de progresser et qui sont rajoutés aux 8 900 diabétiques adultes affiliés à la Cnas. Ces chiffres, qui en disent long sur l'ampleur de cette pathologie qui devient avec le temps handicapante. C'est presque une sorte d'alerte que les spécialistes lancent, comme le Dr Bekara, exerçant à la Maison du diabétique, en plein centre-ville d'Oran, et qui est également président d'une association nouvellement créée et dénommée La voix des diabétiques : “Au vu de l'ampleur, il est important aujourd'hui d'agir pour prévenir, notamment chez les jeunes… C'est devenu primordial, et c'est pour cela que vient à point nommé la journée du 14 novembre qui est la Journée mondiale du diabète mais qui, cette fois-ci, grâce à l'OMS, va être consacré au diabète juvénile.” Notre interlocuteur nous explique encore qu'avec le concours de laboratoire de la direction de l'éducation, 120 élèves inscrits au niveau de 18 lycées et 24 CEM vont pouvoir bénéficier ce 14 novembre d'une journée d'information et de sensibilisation. “Ce sont tous des jeunes diabétiques. Maintenant, ces jeunes sont plus souvent tentés de manger un peu de tout n'importe comment, dehors, quand ils se retrouvent avec leurs camarades. Montrer que l'on est comme les autres, que l'on peut faire comme les autres, amène ces adolescent à faire des écarts dans leur alimentation. Déjà que l'adolescence n'est pas facile. C'est pourquoi nous allons, à travers des ateliers, les aider à gérer leur maladie comme dans le cadre de l'insulino-thérapie, l'hygiène diététique et, surtout, ils vont pouvoir recevoir gratuitement un glucomètre. Nous allons encore leur présenter une diapos qui leur montrera comment utiliser cet appareil très pratique pour eux. Ces glucomètres ont été offerts gracieusement par un laboratoire, c'est à souligner…”, souligne Dr Bekara.Au sein de la Maison du diabétique, ce dernier et sa collègue, membre aussi de l'association, doivent faire face aux aspects purement cliniques de la maladie mais de plus en plus souvent aux besoins psycho-sociologiques qui s'expriment chez les patients. “Beaucoup n'ont aucune couverture sociale et les médicaments coûtent trop cher. Nous essayons de les aider et nous cotisons, en les orientant vers d'autres services sociaux de la mairie. Mais même là, ce n'est pas évident”, explique encore l'un de nos interlocuteurs. Par ailleurs, ces derniers confirment que dans la société algérienne, les filles, voire les femmes diabétiques d'une manière générale, font encore l'objet d'un tabou très fort et il n'est pas rare d'apprendre qu'une jeune mariée ou une fiancée a été “rejetée, abandonnée” parce qu'elle est diabétique. Comme si cela était une tare, du coup, d'autres vivent leur maladie dans le silence total, et donc, la souffrance grandit. Le même constat est fait encore chez les adolescentes. C'est pourquoi, les organisateurs de cette rencontre, qui se tiendra à l'espace Belux d'Oran, espèrent que les parents, les éducateurs soient présents et s'impliquent plus pour apporter un soutien aux jeunes diabétiques. DJAMILA LOUKIL