Quatre soldats israéliens ayant refusé d'obéir à un ordre d'évacuation d'une colonie en Cisjordanie occupée ont été sanctionnés, hier, au lendemain de la condamnation de deux de leurs camarades à des peines de prison pour la même raison, a annoncé la radio militaire. Deux soldats ont été condamnés respectivement à 21 et 14 jours de prison et deux autres ont été consignés dans leur base pendant quatre semaines, a précisé la radio. Lundi, deux autres militaires du même bataillon surnommé “Nachshon”, qui était chargé de sécuriser l'évacuation d'une colonie sauvage au sud de Hébron, dans le sud du territoire palestinien de Cisjordanie, avaient écopé de 30 jours de prison. Quinze députés d'extrême droite israéliens ont pour leur part déposé, hier, une proposition de loi interdisant le recours à l'armée pour l'évacuation de colonies en Cisjordanie à la suite de protestations de soldats, a indiqué un des parlementaires. “La proposition de loi stipule que la fonction de l'armée est uniquement de défendre l'Etat d'Israël, sa souveraineté et ses citoyens, tandis que la police est responsable de l'application de la loi”, a expliqué à la radio le député Arieh Eldad. “On a fait de l'armée un entrepreneur en démolition chargé de l'évacuation de localités juives”, a déploré ce parlementaire de l'Union nationale, une formation ultranationaliste d'opposition. Parmi les autres signataires de la proposition de loi, figurent des députés du Likoud (droite), le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Devant les protestations grandissantes, le porte-parole de l'armée, le général Avi Benyahou, a tenté de minimiser la portée du phénomène. “Il ne faut pas se livrer à des généralisations. L'armée n'a pas perdu le contrôle. Dans le passé, nous avons été confrontés à ce même genre de situation et en fin de compte la raison l'a emporté”, a ajouté le général. Lundi, le général Benyahou avait estimé que “les manifestations politiques dans le cadre de l'armée sont hautement condamnables. De tels actes portent atteinte à la force et à l'unité de l'armée”. Des soldats d'une autre unité avaient été condamnés en octobre à 20 jours de prison pour avoir brandi une banderole contre l'évacuation d'une colonie sauvage lors d'une prestation de serment au mur des Lamentations à Jérusalem. La semaine dernière, 25 membres de la même unité —dont plusieurs officiers— ont signé une pétition s'opposant à toute participation à l'évacuation de colonies. En outre, plusieurs rabbins d'extrême droite, qui dirigent des yéchivot (écoles talmudiques) installées dans des colonies de Cisjordanie, ont publiquement approuvé la manifestation des soldats et appelé l'armée à désobéir à des ordres d'évacuation. Ils ont promis de récompenser par une prime les soldats condamnés à la prison, qualifiés de “héros d'Israël”. Ces derniers mois, les soldats ne participaient pas directement à l'évacuation de colonies sauvages menée par des unités de police et de gardes-frontières, alors que les militaires sont déployés à l'extérieur des implantations pour éviter des affrontements avec les colons. Les colonies sauvages sont jugées illégales en Israël car elles n'ont pas obtenu l'aval des autorités. La communauté internationale, elle, ne fait pas de distinction et considère que toutes les colonies sont illégales.