La huitième visite du chef du gouvernement israélien à la maison-blanche permettra-t-elle la poursuite de la mise en œuvre de la “feuille de route” du quartette ? Les chances sont minimes au vu des résultats des précédents déplacements de Sharon aux Etats-Unis. Les contours du futur Etat palestinien se dessineront probablement au cours de l'entrevue qu'accordera le locataire du bureau ovale à son invité israélien. En recevant vendredi dernier le premier ministre palestinien, le président américain a promis de tenter de convaincre Ariel Sharon de réviser ses positions, notamment sur les questions des colonies, du mur de sécurité et des prisonniers. Si sur ce dernier point, il ne faut rien attendre en raison de l'alignement de Bush sur l'avis du patron du Likoud, qui crée l'amalgame entre les prisonniers appartenant aux mouvances islamistes et les autres, existe-t-il vraiment un espoir que ce rendez-vous aboutisse à des progrès sur les autres différends entre les deux parties ? Israël, qui a résisté jusque-là aux pressions américaines sur l'abandon de la construction du mur de sécurité, cherchera à rallier Bush à ses positions. La tâche ne s'annonce pas facile, si l'on se fie aux déclarations du président US à ce sujet lors de la conférence de presse conjointe qu'il a animée avec Mahmoud Abbas. “Je pense que le mur est un problème. Il est très difficile de développer la confiance entre les Palestiniens et les Israéliens avec un mur serpentant au travers de la Cisjordanie”, a-t-il notamment dit. Ariel Sharon, qui qualifie le mur d'”obligation dictée par les impératifs sécuritaires”, sera mis à rude épreuve par son ami Bush, lequel a reconnu la justesse de l'avis palestinien car ne trouvant pas de justificatif sérieux à cette opération. Tout dépendra du pouvoir de persuasion du président américain. Tiendra-t-il la promesse faite à Abou Mazen, dont il a salué le courage et la vision ? Quant à la question des colonies, le premier ministre palestinien poursuit sa politique du pas en avant, suivi de deux pas en arrière, en soufflant le chaud et le froid, en fonction des circonstances et des personnalités se trouvant en face de lui. En ce qui concerne les prisonniers, le ministre israélien de la Justice a évoqué dimanche dernier la possibilité d'élargissement de détenus tel Marwan Barghouti, si le processus de paix aboutit. Toujours sur ce plan-là, le ministre palestinien délégué à la sécurité, le colonel Mohammed Dahlane, n'a pas apprécié la position de George Bush, qui, selon lui, est loin d'être positive. “Les prisonniers doivent avoir l'espoir qu'ils seront tous libérés. Nous devons commencer par de petites étapes, mais elles doivent se poursuivre”, a déclaré Mohammed Dahlane, qui a tenu à préciser que la partie palestinienne avait réclamé la libération “d'un premier groupe de 450 prisonniers qui avaient passé entre quinze et vingt ans dans les prisons israéliennes”. Selon lui, la question des prisonniers est capitale pour Mahmoud Abbas et la poursuite de la mise en œuvre du processus de paix. Reste à savoir si Ariel Sharon veut réellement la paix et acceptera de faire des concessions à Washington pour ne pas bloquer la “feuille de route” du quartette. K. A.