Le gouvernement israélien devrait donner aujourd'hui son feu vert pour la mise en œuvre du plan de paix du quartette, malgré l'opposition de plusieurs ministres. Le leader du Likoud a sans aucun doute eu gain de cause auprès des Etats-Unis quant à la prise en considération des réserves émises par Israël sur le contenu de la “feuille de route” élaborée par le quartette. C'est la principale raison de son accord de principe, donné vendredi, pour l'acceptation par son gouvernement de ce plan de paix. La décision devrait intervenir aujourd'hui au cours de la réunion du cabinet Sharon, qui verra les ministres voter pour ou contre le projet. Selon un haut responsable israélien : “toutes les chances pour que le gouvernement se prononce sur la “feuille de route” à la suite de la mise au point très positive des Etats-Unis.” La maison-blanche a effectivement annoncé qu'elle partageait les préoccupations d'Israël sur la “feuille de route” et qu'elle en “tiendrait pleinement et sérieusement compte”, dans la mise en œuvre du plan de paix En dépit de toutes ces assurances, plusieurs ministres du gouvernement Sharon, notamment ceux des deux formations politiques de l'extrême-droite, parti national religieux et union nationale, ainsi que des membres de l'aile “dure” du Likoud, ont clairement affiché leur volonté de s'opposer à l'adoption de la “feuille de route” par le gouvernement. Cela dit, Ariel Sharon se serait assuré les voix d'une bonne majorité de son cabinet pour faire voter le plan de paix. Reste à savoir en quoi consistent les garanties américaines données à Israël, et si elles ne modifient pas profondément le contenu de la “feuille de route”, car Mahmoud Abbas, le premier ministre palestinien, qui avait déjà donné son accord conditionne sa position par la non-modification des dispositions initiales du plan de paix du quartette. Washington qui avait annoncé, par la voix de son secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, son intention de ne pas modifier la “feuille de route”, risque de se retrouver dans une position délicate. Colin Powell a notamment déclaré : “Nous avons dit au gouvernement israélien que nous allions prendre en considération leurs commentaires, mais cela n'implique pas que nous changions la feuille de route.” La question qui s'impose, est de savoir comment les Etats-Unis vont opérer pour satisfaire Israéliens et Palestiniens. Sur un autre plan, Ariel Sharon a affirmé qu'il ne recevra pas le ministre français des affaires étrangères Dominique de Villepin, attendu aujourd'hui en Israël. Le chef de la diplomatie française, qui prévoit de rencontrer pendant son séjour le président de l'autorité palestinienne, devra se satisfaire d'une discussion avec son homologue israélien, Silvan Shalom. Pourtant la mesure prise par le Chef du gouvernement israélien de boycotter toutes les personnalités étrangères, en visite dans la région, qui rencontreraient Yasser Arafat, ne s'appliquerait pas aux visites prévues après l'annonce de cette décision. Quant à Dominique de Villepin, il a déclaré : “s'il est possible de rencontrer le premier ministre israélien, j'en serais très heureux”, avant d'ajouter : “c'est notre politique, notre position, que de rencontrer et parler avec tout le monde.” K. A. Arafat accusé de nuire à Abou Mazen Les Etats-Unis pensent que Yasser Arafat cherche à nuire au nouveau Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas (alias Abou Mazen) et demandent aux pays ayant des contacts avec lui de le convaincre d'arrêter, a indiqué vendredi un haut responsable du département d'Etat. Selon lui, il y a des signes clairs qu'Arafat essaye de conserver la mainmise sur le pouvoir palestinien. Je ne pense pas que Mahmoud Abbas soit soutenu par Yasser Arafat autant que celui-ci le devrait, a ajouté en substance le haut responsable sous le couvert d'anonymat. "Nous avons des indications selon lesquelles il cherche à lui nuire", a assuré ce responsable, citant notamment l'absence de couverture en direct par la télévision palestinienne d'une conférence de presse conjointe récente du secrétaire d'Etat Colin Powell avec le Premier ministre palestinien. "Il est temps pour lui de comprendre que s'il a un intérêt quelconque dans la paix, s'il a un intérêt quelconque dans un Etat palestinien, il doit utiliser son pouvoir, son autorité, son influence sur la population palestinienne pour aider le nouveau Premier ministre à bien faire son travail", a affirmé le haut responsable. Lors du voyage qu'il vient d'effectuer à Paris, Colin Powell a eu des assurances de ses homologues du G8, dont son homologue français Dominique de Villepin qui rencontrera Yasser Arafat la semaine prochaine, qu'ils feront pression pour obtenir que ce dernier soutienne le Premier ministre palestinien, selon la même source. Dans le même temps, Colin Powell n'est pas sûr qu'Arafat entendra le message, a-t-il ajouté. "Nous pensons qu'Arafat doit être isolé" mais d'autres "ont une opinion différente", a-t-il regretté.