Sous la pression américaine, Israéliens et Palestiniens essaient de redonner du tonus à un processus qui a des ratés. Le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, a effectué, une visite éclair ce week-end à El Qods pour rencontrer responsables israéliens et palestiniens dans la perspective d'accélérer la mise en oeuvre d'une «feuille de route» qui a plutôt du mal à s'engager. Les tergiversations et le maximalisme israéliens n'y sont pas, à la vérité, étrangers. Les Israéliens, ignorant leurs propres responsabilités dans l'escalade de la violence, imputent aux Palestiniens, et plus singulièrement, aux mouvements de résistance palestiniens - qu'ils persistent à qualifier de terroristes - les dérives actuelles. D'autre part, en concentrant ses pressions sur les seuls Palestiniens, Washington exempte en quelque sorte, les Israéliens de tout reproche. Ce qui n'aide d'aucune manière un processus de paix dont la mise en oeuvre dépend en grande partie, sinon entièrement, du retrait des forces israéliennes d'occupation d'une part, de l'arrêt total de la colonisation d'autre part. En n'insistant pas suffisamment sur cet aspect du problème les Etats-Unis continuent ainsi de ménager une susceptibilité israélienne qui n'a pas lieu d'être d'autant plus, que la paix n'a aucune chance de s'instaurer au Proche-Orient si l'armée israélienne continue d'occuper les territoires palestiniens. Or, les Etats-Unis, principal parrain du processus de paix, et l'un des promoteurs de la «feuille de route» - avec l'Union européenne, la Russie et les Nations unies, qui constituent le «fameux quartette» - n'ont jamais dit clairement qu'Israël doit se retirer jusqu'à la «ligne verte» (frontières de facto en Israël et les territoires palestiniens), existant avant la guerre des Six jours de juin 1967, ce que les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité, adoptées en 1967 et en 1973, mentionnent nettement. Car, il faut bien que l'Etat palestinien dont la «feuille de route» prévoit la création d'ici à 2005 ait une assiette territoriale acceptable et à tout le moins conforme aux résolutions internationales afférentes à ce dossier, aux demandes palestiniennes et également pour que le futur Etat soit effectivement viable et crédible. Ce qui ne semble pas la préoccupation première de Colin Powell, lequel a incité Mahmoud Abbas à accélérer les réformes, déclarant, avant sa rencontre hier avec le Premier ministre palestinien: «Je vais lui demander d'aller vite, très vite, pour mettre en oeuvre la réforme des services de sécurité», attendant que M.Abbas présente des «plans spécifiques» pour, indique-t-on, «prendre en charge la sécurité dans les zones autonomes palestiniennes qu'Israël se dit «prêts» d'évacuer». Ainsi, aucune contrainte contre Israël, qui décide seul du tempo et des zones palestiniennes à «libérer». La concordance entre Israël et les Etats-Unis est parfaite, et on ne peut mieux établie, lorsque le chef du gouvernement israélien, Ariel Sharon estime de son côté, lors d'une conférence conjointe avec Colin Powell, que «l'Autorité palestinienne doit combattre les organisations terroristes. Elle doit les désarmer. Elle doit faire en sorte que leur infrastructures cessent d'exister». Ainsi, la raison majeure de la violence, l'occupation des territoires palestiniens, est évacuée, et ce sont ceux qui subissent l'occupation qui doivent renoncer à leurs droits. Cette politique qui est celle d'Israël, depuis sa création en 1948, n'a, jusqu'à ce jour, eu aucun résultat et continuera, selon toute vraisemblance, à échouer tant que les droits du peuple palestinien ne seront pas totalement pris en charge et respectés. Car, la sécurité d'Israël est, sous quelque angle qu'elle soit prise, sujette à la création de l'Etat de Palestine, et non le contraire, ce que prouve amplement 55 ans de lutte et de violence au Proche-Orient. Relevons toutefois que le quartette (USA, UE, ONU et Russie) se réunira en Jordanie, en marge du Forum économique mondial (FEM) qui tient ses assises dans le royaume hachémite.