Le Premier ministre palestinien reprend les choses en main et s'apprête à rencontrer son homologue israélien, vendredi prochain, après avoir annulé la précédente réunion prévue entre les deux hommes le 9 juillet dernier, en signe de protestation contre la politique de l'Etat hébreu dans les négociations entre les deux parties, notamment sur l'épineuse question des prisonniers palestiniens. Nabil Chaath, le ministre palestinien des Affaires étrangères, a affirmé à Pékin, où il se trouvait en visite officielle, que Mahmoud Abbas n'envisageait plus de démissionner de son poste de Chef du gouvernement. Selon le chef de la diplomatie palestinienne, Abou Mazen est déterminé à poursuivre ses efforts de paix et jouit de la confiance de la direction de l'Autorité de la Palestine. “L'histoire de la démission fait partie maintenant du passé et le Premier ministre n'envisage plus de quitter son poste”, a déclaré Nabil Chaath. Ainsi, la menace de la démission de Abou Mazen est levée et les négociations israélo-palestiniennes pourront se poursuivre. Dans ce cadre, une nouvelle rencontre entre Ariel Sharon et Mahmoud Abbas est programmée pour le 18 Juillet courant. Les deux hommes plancheront particulièrement sur la question des 6 000 prisonniers palestiniens, dont Israël ne veut en libérer que 350 pour l'instant. Cette attitude avait, rappelons-le, provoqué une crise au sommet de la hiérarchie palestinienne et avait failli aboutir à la démission du Premier ministre. L'Autorité palestinienne refusait la politique du fait accompli prônée par Ariel Sharon, notamment sur la question des prisonniers, qui conditionne la trêve observée unilatéralement depuis le 29 juin dernier par les groupes palestiniens radicaux armés. D'ailleurs, ces derniers n'ont pas hésité, jeudi, à réaffirmer la possibilité de reprendre leurs attaques contre Israël, si l'Etat hébreu ne libérait pas tous les prisonniers, sans exception aucune. Soutenu par les Américains, qui ont décidé d'accorder une aide financière directe aux Palestiniens, Abou Mazen tentera, cette fois-ci, d'arracher des concessions à son vis-à-vis israélien pour faire avancer le processus de paix, comme le souhaite Washington. L'administration Bush a clairement fait savoir à Tel-Aviv la nécessité de traiter autrement la question relative aux prisonniers, en faisant preuve davantage de souplesse sur ce point. Pour montrer sa détermination à faire avancer les choses dans la mise en œuvre de la “feuille de route”, Washington a avancé de plus d'un mois la visite d'Ariel Sharon aux Etats-Unis. Prévue pour septembre, la rencontre Sharon-Bush a été avancée à la fin du mois courant, annonce-t-on à la Maison- Blanche, en raison “d'impératifs d'emploi du temps” du président américain. Ce sera la huitième visite du Chef du gouvernement israélien depuis son arrivée au pouvoir en mars 2001. Avant le rendez-vous américain, Sharon sera aujourd'hui à Londres pour faire le point de situation avec Tony Blair et Jack Straw, le ministre britannique des Affaires étrangères. La visite à Washington du Premier ministre israélien sera déterminante pour l'avenir du processus de paix au Proche-Orient, car Bush compte peser de tout son poids, à cette occasion, pour obliger Sharon à céder sur certains points et ce, afin de débloquer la situation. K. A.