La délégation parlementaire de l'Otan entend débattre avec les parlementaires algériens sur nombre de questions telles que l'agriculture, les migrations, le climat, la sécurité alimentaire et l'énergie. Même si le discours empruntait beaucoup au jargon diplomatique, la qualité des convives oblige, le président du Parlement algérien n'a pas manqué, hier, de rappeler aux parlementaires de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), en visite en Algérie, les “manquements au devoir de solidarité” au moment où l'Algérie affrontait à la fin des années 1980 et 1990 une double crise économique et sécuritaire. “Il n'est peut-être pas trop tard, pour méditer sur l'attitude de nos partenaires supposés, durant les années 1980 et 1990 lorsque nous avons été confrontés à une crise économique majeure, due à l'effondrement des prix du brut, suivie de l'irruption d'un phénomène terroriste, d'une ampleur sans précédent qui a menacé l'Etat et la société algérienne d'effondrement”, a indiqué hier Abdelaziz Ziari, dans une rencontre-débat entre les parlementaires algériens et une délégation de parlementaires de l'OTAN. “C'est dans l'indifférence générale, voire dans une adversité feutrée que nous avons surmonté seuls nos difficultés. Ce vécu imprégnera pendant longtemps notre perception du monde occidental et plus particulièrement de sa partie la plus proche de nous, à savoir l'Europe”, a-t-il ajouté amèrement. Venue spécialement s'informer sur le pays, la délégation parlementaire, qui séjourne pour la première fois en Algérie, entend débattre avec les parlementaires algériens sur nombre de questions telles que l'agriculture, les migrations, le climat, la sécurité alimentaire, mais surtout pour ce qui concerne au plus haut point le Vieux Continent la question énergétique. Appréhendant les sautes d'humeur de leurs voisins russes qui fournissent l'essentiel de la consommation d'énergie de l'Europe, les Européens veulent diversifier leurs approvisionnements en se tournant vers un voisin du sud de la Méditerranée en s'assurant de sa fiabilité. Mais ces questions appellent dans le monde d'aujourd'hui, en pleine mutation, des réponses concertées. Et Ziari ne manque pas de le rappeler. “Durant votre séjour, vous aurez à vous entretenir de thèmes précis qui revêtent, pour vous comme pour nous, le plus grand intérêt. L'énergie, l'agriculture, les migrations sont des questions qui concernent désormais la communauté internationale dans son ensemble. Elles appellent de ce fait des réponses et des politiques concertées qui dépassent souvent les cadres nationaux”, a-t-il dit. Et au-delà de la nécessité du dépassement de l'usage du rapport de force classique Nord-Sud, selon lui, il plaide pour la solidarité entre Etats. “La crise de l'énergie, les changements climatiques, la sécurité alimentaire, les pressions démographiques, les mouvements migratoires sont des questions d'une gravité, d'une complexité et d'une sensibilité extrêmes. Elles sont intrinsèquement liées et posent des défis considérables à l'ensemble de l'humanité. Elles ne peuvent de ce fait se suffire de solutions partielles, nationales, régionales ni même continentales. C'est donc autour de concept d'interdépendance, de complémentarité, de solidarité, que nous souhaitons articuler avec vous les échanges de vues et les thèmes que nous avons retenus d'un commun accord”. Par ailleurs, il a dénoncé l'utilisation de la question de l'immigration dans certains pays du Nord à des fins politiques. “Je tiens à lancer un appel aux élus que vous êtes pour contrecarrer et dénoncer l'exploitation éhontée de cette question humaine à des fins politiques en agitant les menaces virtuelles qu'elle ferait peser sur l'emploi et l'identité des pays concernés”. Pour sa part, l'ancien ministre Abdelkrim Harchaoui, cadre du RND, a assuré que l'Algérie œuvre pour la paix et la sécurité en Méditerranée. Quant à Mohamed Seghir Babès, président du Cnes, il a relevé dans son intervention une conférence sur les réformes politiques en Algérie, les grands ratages du passage de l'Algérie de l'ère du parti unique vers la démocratie. “Nous ne pouvons manquer d'appeler à ce regard circonspect devant le processus de transition vers la démocratie et le pluralisme en Algérie”, a-t-il dit. Rappelant les difficultés qui, à “contretemps, avaient émaillé le contexte et encadré ces grandes réformes politiques”, M. Babès a estimé que “ce rapt historique de l'ouverture démocratique s'est placé dans un contexte de crise engendrée par la montée des périls socioéconomiques et culturels”. Dans leurs interventions, de nombreux députés, notamment anglais, se sont interrogés sur “le discours politique des jeunes” “et sur la manière dont l'Algérie, comme le reste des pays musulmans, peut allier islam et démocratie”. Plusieurs conférences sont programmées durant trois jours de débat. L'Algérie participe aux travaux de l'association des parlementaires de l'OTAN depuis 2005. Cette association œuvre à la coopération entre les parlements de divers pays sur nombre de questions comme la sécurité et la paix.