Hausse des prix des fruits et légumes, de la viande aussi, perturbation du transport, prolifération de clandestins… sont autant d'images qui ont marqué les deux jours de fête. On croyait que la flambée des prix, subite et inopinée, était une caractéristique conjoncturelle spécifique au Ramadhan. Mais il n'en est rien, vient de nous révéler le marché des fruits et légumes, et des produits carnés et avicoles ! L'œuf qui s'acharne à se rapprocher des 15 DA/pièce, et le poulet qui, dans le sillage haussier des viandes rouges, taquine les 400 DA le kilo, la pomme de terre qu'on propose à 50 DA/kilo alors que sa récolte bat son plein, la clémentine qui s'arrache à 120 DA/kilo au niveau du verger, c'est du jamais vu à Mostaganem, estiment certains. Effectivement, si ça n'a jamais été vu auparavant, depuis une poignée de jours, c'est désormais chose vécue. Payée rubis sur l'ongle même ! Jusqu'à la veille de la fête du sacrifice, l'offrande divine superbement encornée culminait à près de 4 millions de centimes, mais la moyenne des prix oscillait aux alentours des 24 000 DA. Chez le boucher, la viande d'agneau s'est hissée à 800 DA/kilo, le “précieux” chevreau a culminé à 550 DA le kilo. Devant les étals, on a vu des gens tiquer, rechigner, et se lamenter de l'enchérissement généralisé, mais sans pour autant s'abstenir de l'achat ! Non loin de là, la tomate est passée, du jour au lendemain, de 45 à 65 DA/kilo, Dame Patate tente de rivaliser avec son compère Oignon qui surfe sur les 60 DA/kilo ! Les petits pois et les haricots ont crevé le plafond des 100 DA/Kg, et sans le moindre état d'âme ! “Et les cours pourraient tirer vers le haut si la pluie, simultanément tant espérée par les fellahs, commence à tomber, et donc à empêcher les récoltes de maraîchages !”, prévient joyeusement, un revendeur informel du non moins informel marché des fruits et légumes de Bouguirat ! À travers les souks et marchés, en cette veille de l'Aïd, la mercuriale a battu tous les records ! Et ces comportements bizarres du consommateur, qui marquait généralement le mois du Ramadhan, ont de nouveau entaché la fête d'amertume et de morosité ! Décidément, c'est un ordre établi : le secteur du Commerce ne fait plus attention à la cherté des produits de large consommation et les marchés activent en dehors de toute forme ou de règle de régulation. Les spéculateurs édictent leur loi et piétinent celles de l'Etat. Dans les transports de voyageurs, perturbés avant, durant et après l'Aïd, la pagaille est grande et totale ! C'est désormais chose classique, Mostaganem réédite et vit sa véritable débandade qui caractérise le domaine des transports en pareille circonstance. Le plan de la circulation routière mis en œuvre, en grande pompe, n'aura pas servi du moins jusqu'à ce jour, à grand-chose au regard des embouteillages qui asphyxient encore le centre-ville durant le jour. En cette veille de l'Aïd El-Adha, les stations de desserte grouillaient de voyageurs se dirigeant dans toutes les directions. Les autorités compétentes savent pertinemment que pendant cette période et durant toute la vie, les “évènements” se répètent. En panne de prospective, les responsables sont loin d'anticiper le “chamboulement” spontané et juguler cette folie de l'exode massif momentané. Comme de coutume, ils vouent au temps le soin de réguler les flux, et laissent les citoyens s'en sortir seuls, comme ils le peuvent et au gré du bon vouloir des opérateurs. La gare routière et les stations de desserte urbaines et intercommunales débordent de monde guettant impatiemment l'arrivée d'un bus ou d'un autocar pour embarquer chacun vers son horizon natal, regroupement familial oblige. Pour les transporteurs, c'est une aubaine rare. Au niveau des stations de taxis collectifs, le “spectacle” est du pareil au même. La demande est importante pour toutes les directions.Contrairement aux longues attentes habituelles, les transporteurs sont plus à l'aise et font le plein en des temps record. Certains chefs de famille, voulant éviter les correspondances, négocient un prix, quitte à payer en plus une place vacante. On sait que la demande est importante, alors mieux vaut en profiter. “Pour empocher davantage de recettes, on ne se gêne guère de faire deux navettes sur Alger en une seule journée !” nous fait remarquer un transporteur prétendant préférer les courts trajets, moins fatigants et moins risqués. Dans les parages des stations, les “clandestins”, de plus en plus nombreux ces dernières années, ont “leurs” places habituelles et attendent le moment opportun pour agir. Les retardataires, retenus pour des obligations professionnelles doivent payer le prix fort... S'ils veulent déguster le méchoui en famille !