Les prix de la viande rouge fraîche sur les étals du détail oscillent entre 650 et 750 DA le kg. Une légère baisse par rapport à ceux appliqués en février et mars derniers, période durant laquelle le gigot de mouton et le bifteck s'écoulaient respectivement à 850 et 950 DA/kg. Il n'en demeure pas moins que des consommateurs estime que cela est encore insuffisant. Comment arriver donc à des prix plus raisonnables ? Jusqu'à présent, on a souvent claironné ici et là ou laissé croire que le phénomène de la spéculation dans le circuit de la commercialisation est l'une des principales causes de la cherté du produit carné en Algérie. Une hypothèse vérifiable en période de forte demande (Ramadhan et été) mais qui tombe à l'eau juste après ces deux conjonctures. En fait, les fluctuations des prix de la viande rouge sont le résultat d'autres facteurs. Selon une source proche de la direction générale des abattoirs d'Alger, dans le quartier du Ruisseau, considéré comme le plus important du centre du pays, l'activité abattage dans cette enceinte a nettement diminué depuis un mois. En clair, de faibles arrivages d'ovins et de bovins sur pied sont constatés. A la question de savoir le pourquoi d'un tel constat, notre source nous indiquera : «Les chevillards et maquignons boudent l'abattage officiel ou bien ne trouvent pas assez de bêtes à acheter chez les éleveurs.» Deux hypothèses qui tiennent la route. Pour la première, nul doute que l'abattage clandestin, devenu au fil des années de plus en plus important en volume, a sa part dans la dérégulation du marché. Selon une étude de terrain menée en 2008, le phénomène a pris des proportions alarmantes. Le taux actuel est estimé à 30%, soit une bête sur trois est abattue clandestinement. La raison principale qui fait qu'on recourt à l'abattage clandestin est que le passage dans les abattoirs officiels réduirait la marge bénéficiaire des bouchers abatteurs. La seule manière d'imposer le retour à la légalité est d'intensifier et de densifier les contrôles qui devront être suivis de lourdes sanctions, dans les cas d'infractions. La deuxième hypothèse, tout aussi plausible, est qu'une «grande partie des éleveurs préfèrent actuellement garder leur cheptel, car les zones de pâturage sont assez denses en herbe suite à la bonne année pluviométrique», dira notre interlocuteur. S'ajoute à cette disponibilité des pâturages «la baisse des prix du foin et des autres aliments entrant dans le cadre d'engraissement des bovins et ovins», soulignera-t-il. La stratégie adoptée par les éleveurs aurait pour but d'accentuer le poids vif des bêtes en vue d'en tirer un meilleur profit. Du coup, l'offre en viande bovine et ovine baisse, entraînant une hausse des prix sur les étals. En ce qui concerne la viande blanche, après avoir connu une flambée des prix durant les mois de février et mars (260 DA/kg), un semblant de décrue est perceptible ces derniers jours (210 et 190 DA) dans l'attente d'une baisse significative car, pour beaucoup de ménages, le poulet est devenu la seule source de protéine accessible. Leur souhait est de voir les prix du poulet et de la dinde ramenés à 120 et 150 DA. Ce qui paraît impossible compte tenu du prix de revient à la production par tête de poulet et de dinde, estimé actuellement par les aviculteurs à plus de 150 DA/kg. Autant dire que ni le marché de la viande rouge ni celui de la viande banche n'échappent aux fluctuations conjoncturelles de l'offre, rendant ainsi les prix sur les étals irréguliers et marqués souvent par des tendances à la hausse subite. Un phénomène qui ne date pas d'hier et devant lequel les pouvoirs publics restent impuissants bien que l'organisation de ce marché, comme d'autres, relève de leurs missions. On parle depuis peu de régulariser le marché de la viande. Mais est-ce que tous les acteurs du circuit production-commercialisation vont adhérer à cette démarche ? C'est là toute la question. Z. A.